12.07.2015 Views

Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

CHAPITRE II-3Santé sexuelle : étude exploratoireird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012de mon épouse, elle est décédée en 2002 ; là, j’ai apprisque j’étais moi aussi séropositif ; je me suis remarié en2005 avec une femme qui est séropositive, nous avonseu deux enfants, mais ils sont morts ».Mansour, M, 45 ans, 10 ans de traitement ARV : « J’aiappris la maladie en 1999, j’avais deux épouses et sixenfants, deux étaient décédés ; en 2003, l’une d’elle estmorte lors d’un accouchement, l’enfant aussi, on asuspecté le VIH ; en 2004, la deuxième épouse qui étaitséropositive a quitté la maison ; j’ai épousé une autrefemme séropositive en 2004, et une autre encore qui estaussi séropositive, en 2006 ».Ces quelques extraits évoquent aussi la dynamique desunions conjugales : parmi les femmes en union, six ontété préalablement veuves, une divorcée, deux seulementsont dans leur première union ; parmi les hommesen union, deux sont dans leur première union. Lesautres hommes témoignent de parcours matrimoniauxcomplexes souvent polygamiques, qui tendent à sesimplifier du fait des décès ou des séparations. Deuxhommes seulement vivent au sein de ménages polygamescomptant deux épouses. La situation apparaîtcontrastée pour les femmes : six sur les neufs qui viventen union sont dans des unions polygames, le plussouvent comme deuxième, parfois troisième épouse.Les témoignages recueillis concernant les parcoursmatrimoniaux révèlent également la forme d'endogamiesérologique qui consiste à choisir le conjoint parmi lespersonnes vivant avec le VIH une fois que la personneest informée de sa maladie : 12 des 17 unions qui sontréalisées après le diagnostic sont établies avec unpartenaire séropositif connu. Cela témoigne d’unestratégie explicite de choix de moindre risque de rejet dufait de l’infection par le VIH ; cette stratégie est appliquéeaussi bien par les hommes que par les femmes.Enfin, l’on notera que parmi les 25 personnes qui ontun (ou plusieurs) partenaire sexuel habituel, 17 ontun partenaire séropositif, 5 un partenaire séronégatifet 3 affirment ne pas connaître le statut sérologiquede leur partenaire.Les plaintes et motifs de consultation sexologiqueL’exposé des plaintes et des demandes des patientslors de la consultation de sexologie permet de dresserun inventaire des principales difficultés ressentiespar les patients :La recherche d’un partenaire, le désir d’enfantTrois femmes et un homme ont centré leur demanded’aide sur la recherche d’un conjoint. Ces femmessont âgées de 44 et 52 ans.Alimatou, F, 44 ans, 10 ans de traitement ARV. Elleest divorcée d’un premier mariage à la demande deson mari, en 2001. Son mari avait été hospitalisé àplusieurs reprises mais ne lui avait pas indiquée lanature de sa maladie, un jour qu’elle même étaitmalade et prévenait son mari qu’elle devait se rendreà l’hôpital pour y subir des examens celui-ci lui a dit« Tout ce que l’on te dira sur la maladie sera juste »,c’est à cette occasion qu’elle a appris qu’elle étaitséropositive et son mari aussi. Aujourd’hui, elle vitavec ses deux enfants dont un est séropositif, unautre enfant est décédé du sida. Ils logent dans lamaison familiale, ancienne aide-soignante, elle netravaille plus depuis l’annonce de sa maladie en1999. Elle a une pension de son mari de18 000 FCFA par mois et par enfant (soit 55 €/mois).Depuis 2001, elle n’a pas trouvé de conjoint. Elle esttraitée par ARV depuis 10 ans, « depuis les ARV jeme sens mieux, mais je ne suis pas attirée[sexuellement] par les hommes, je n’ai pas envied’avoir des rapports sexuels, cela ne me semble paslié à la maladie ou au traitement, mais à moi-même,je n’ai plus confiance aux hommes ». Néanmoins,elle recherche un homme qui serait séropositif, «pour ne pas à avoir à lui expliquer ce qu’est la maladie», et parce qu’elle pense qu’elle peut encoretransmettre la maladie malgré les traitements, « lesdiscours sur la maladie n’ont pas changé, c’esttoujours la mise en garde contre la transmission,est-ce que ça veut dire que ça ne marche pas ? »Altine, F, 52 ans, 10 ans de traitement ARV : âgée de52 ans, elle est célibataire avec trois enfants, le cadetà 19 ans, n’a jamais été mariée ; elle est traitéedepuis 10 ans, elle voudrait rencontrer un hommeséropositif : « J’aimerais me marier, mais pas contaminer,j’aimerais avoir un copain qui ait la mêmemaladie que moi » ; elle n’a jamais informé personnede sa maladie, elle est moralement très affectée parsa situation.La recherche d’un partenaire séropositif est unedemande très fréquente de la part des personnesseules. Médecins et paramédicaux sont régulièrementpris comme confidents, il leur est souventdemandé de jouer le rôle d’entremetteur afin qu’ilsidentifient parmi leurs patients un conjoint potentiel.La recherche d’un conjoint qui serait lui aussi porteurdu VIH est pensée comme une solution de moindremal face au dilemme de l’annonce de la maladie et àla crainte du rejet et de la divulgation du statut sérologique(cf. chapitre sur le mariage).85

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!