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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE IV-4Les attitudes en matière de procréationird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012deux structures de santé et une association defemmes vivant avec le VIH.En ce qui concerne la cohorte ANRS 1215, 34 informateursclés ont été identifiés dans le cadre desenquêtes sociales de suivi des patients. Ces informateursont été sélectionnés après une série de contactsparmi une centaine de patients sur la base de critèressuivants : être inclus dans la cohorte ou avoir unconjoint traité par ARV, accepter de parler de sonexpérience, être disponibles pour un suivi régulier,avoir une bonne capacité de verbalisation des expériencesvécues et entretenir une relation de confianceavec l’enquêteur. L’enquête qualitative compréhensivea exploré l’évolution des perceptions et des pratiquessur le vécu du traitement ARV et les changementscomportementaux à travers les thèmes suivants :l’adhésion et l’observance, la perception de l’efficacitéet de la toxicité des ARV, l’impact social du traitement,les pratiques sexuelles, la perception et la gestion durisque de transmissibilité ainsi que le désir d’enfant.Trois méthodes ont été combinées : des entretiensindividuels semi-directifs répétés, des entretiens degroupe, des observations participantes dans les lieuxde soin ou dans les familles. Toutes les investigationsont été réalisées par moi-même, ce qui a permis demettre en place une relation de confiance facilitantl’approfondissement de thèmes intimes. Une premièresérie d’entretiens a eu lieu entre juin 1998 et juin 2005,avec 25 patients parmi lesquels 15 femmes correspondantà une centaine d’entretiens (chaque patient aeu au moins un entretien par trimestre). 22 patientsétaient traités par ARV, 3 étaient des conjoints séropositifsde patients traités par ARV qui bénéficiaient d’unsuivi médical. Une nouvelle série d’entretiens a eu lieuentre août 2006 et février 2008 auprès des 16 patientstoujours en vie et désormais tous sous traitement ARV.Afin de reconstituer le groupe de 25 personnes, 9nouveaux patients sous traitement depuis au moinshuit ans ont été sélectionnés et interrogés.De plus, des observations participantes, des entretienssemi-directifs et des groupes de discussion ontété menés auprès des femmes enceintes séropositivespour le VIH ou non, et des professionnels de santéau sein de deux services de santé de la reproduction.L’une des structures est un centre de référence dansle dépistage et la prise en charge des femmes enceintesséropositives ; il dispose d’un personnel spécialisésur le VIH. Les personnes suivantes ont été enquêtées: six sages-femmes, quatre assistantes sociales,deux laborantins, trois médecins, quatre agents desanté, deux médiateurs de santé, vingt femmesenceintes séronégatives et vingt-cinq femmes séropositivespour le VIH ayant eu une expérience de procréation.Un accent particulier a été mis sur ces dernièreslors des enquêtes. Leur âge est compris entre 22 et 45ans avec une moyenne d’âge de 32 ans. Elles sonttoutes mariées. Elles ont un niveau d’éducation scolairefaible et mènent des activités commerciales informelles,souvent précaires. La majorité d’entre elles (20/25)suivent une thérapie antirétrovirale et huit d’entre ellesont eu au moins deux enfants depuis que leur séropositivitéau VIH leur a été annoncée.3. RÉSULTATS3.1. Annonce et partage de l’informationsur la séropositivé (1) dépistée au décoursd’une grossesse3.1.1. Une annonce difficileLes observations participantes effectuées dans lessites enquêtés ont pu mettre en exergue les conditionspeu conformes à celles définies pour l’annonce d’unstatut VIH dans les documents précisant les normesdu counseling. Les deux services de santé de la reproductionoù l’enquête a été réalisée sont caractériséspar l’exiguïté des locaux destinés aux consultationsprénatales, le nombre élevé de femmes qui sollicitentces services tous les jours, l’hétérogénéité des motifsde consultation, la diversité et la multiplicité des tâchesdes professionnels de santé en service et les difficultésde gestion de la confidentialité. L’intégration dudépistage VIH au cours de la consultation des femmesenceintes a été recommandée au Sénégal par lesautorités sanitaires à partir de 2007 afin d’en accroîtrel'accès. Nos observations montrent que l’applicationde cette mesure a limité le temps accordé par lesprofessionnels de santé au counseling sur les aspectsliés au VIH, contrairement aux normes. Les échangessont généralement limités au rappel de la gravité du« sida », à la « responsabilité » maternelle pour éviterla transmission du VIH à l’enfant et à l’obtention del’accord des femmes enceintes avant que le test VIHne soit immédiatement réalisé. Les propos des sagesfemmesprésentent cet acte comme un « devoir » pourtoute femme enceinte. Les résultats sont annoncésaux femmes après quelques minutes. Dans la majoritédes cas, le résultat est négatif, les formulesemployées par les sages-femmes pour l’annoncerpeuvent être assimilées à des « gratifications » d’uncomportement respectueux des normes sociales.Aussi, selon nos observations le dépistage du VIH(1) Les termes « statut VIH+ » et « séropositivité » sont utilisés indifféremment.230

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