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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE IV-4Les attitudes en matière de procréationird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012antirétroviral, et parfois ont recours aux thérapiestraditionnelles ou modernes pour améliorer leurfertilité. Dans les couples où les deux conjoints sontséropositifs et informés de leurs statuts sérologiquesrespectifs, les stratégies procréatives sont plusfaciles. Les femmes cherchent de l’aide auprès desprofessionnels de santé spécialisés sur le VIH. Ilsleur conseillent d’avoir une bonne observance desARV, de « respecter les rendez-vous » afin d’avoirun « bon état immunitaire », de maintenir unealimentation riche puis d’entretenir des relationssexuelles non protégées avec leur conjoint. Ellespeuvent également demander des conseils auprèsdes leaders d’associations ou auprès d’autresfemmes séropositives ayant eu une expérience deprocréation.« Un jour j’étais assise avec une dame qui allaitait unbébé au biberon. En ce moment je n’étais pasenceinte. Nous avons discuté, elle m’a fait savoir quetu peux avoir un enfant sans pour autant le contaminer.J’ai également été à un groupe de parole dansl’association, on nous a expliqué comment faire pouravoir un enfant et comment faire pour ne pas lecontaminer. D’après ce que j’ai compris, il faut attendrequelque jours après les règles, il y a une périodeoù si tu fais des rapports non protégés tu peuxtomber enceinte si Dieu le veut » 2009, Fatou, 28 ansmère d’un enfant.Toutefois, les femmes qui vivent dans des couplesou le statut sérologique du conjoint est inconnu, ouqui n’ont pas partagé l’information avec leur conjoint,éprouvent des difficultés à demander de l’aideauprès des professionnels de santé. Elles élaborentleur propre stratégie pour être enceintes enessayant de réduire les risques de transmission duVIH à leur conjoint en acceptant les relations sexuellesuniquement durant leur période de fécondité.Mais au cours des entretiens menés à partir desannées 2008, de nombreux patients traités par ARVrapportent les informations issues de DéclarationSuisse (11) ; ils s'interrogent sur la « protection » parles ARV lorsque leurs analyses virologiques attestentque le VIH est « indétectable », ce qu’ils interprètentcomme « non transmissible ». Certainsd’entre eux, traités par ARV, en avait déjà faitl’expérience en ayant des relations sexuelles nonprotégées avec des conjoints séronégatifs sans qu’ily ait transmission du VIH. Ce contexte a réduit lescraintes de certains patients sur les risques de transmissionsexuelle, et leur permet d’envisager ànouveau la possibilité de nouer des unions endehors du cercle des associations de PvVIH, etparfois des relations sexuelles sans protection.3.4.2. Stratégies pour ne pas avoir d’enfantSi toutes les femmes enquêtées rapportent la craintedes conséquences péjoratives liées à la multiplicationde grossesses en raison de leur séropositivité, la plupartd’entre elles n’ont pas recours à une contraception continue.La majorité d’entre elles ont des perceptions négativessur les méthodes de planification familiale à l’instardes autres femmes dans la population sénégalaise. Lesservices offerts par les structures de soins spécialiséesdans la prise en charge du VIH au Sénégal n’intègrentpas la promotion et l’accès à des méthodes de planificationfamiliale (2) .Nos investigations montrent que les femmes séropositiveséprouvent des difficultés à avoir accès à desservices de planification familiale adaptées à leursituation. Elles craignent de partager leur statut VIHavec les professionnels de santé responsables cesservices. Cette situation est largement entretenue parles « spécialistes du VIH » qui ne leur conseillent quele préservatif dont l’usage est souvent difficilementnégociable. La plupart des femmes enquêtées n’ontjamais utilisé de méthodes contraceptives en dehorsdes préservatifs distribués par les services de santéspécialisés sur le VIH ou au sein des associations dePVVIH. Elles perçoivent l’usage des préservatifsdavantage comme une méthode permettant de prévenirla transmission sexuelle du VIH que comme unetechnique contraceptive. Pourtant, toutes ces femmesont exprimé le besoin d’avoir accès à une contraceptionadaptée à leur situation car les préservatifs sontgénéralement peu utilisés dans les couples stables ;ils sont souvent rejetés par leurs conjoints qui lesestiment « incompatibles avec la religion ». Certainesont eu recours temporairement à d’autres méthodescontraceptives disponibles dans les centres de planningfamilial, mais les ont suspendues. Quelques casd’avortements provoqués par des femmes séropositives,enceintes malgré elles, ont été rapportés. De pluselles redoutent les effets conjugués des contraceptifspris conjointement avec les ARV. Les effets secondairesles plus redoutés par les femmes séropositivessont l’arrêt des règles qui survient fréquemment souscontraceptifs injectables surnommés « piqure », dontelles redoutent les effets liés à l’accumulation d’un« mauvais sang ».« On m’a dit avec la piqure tu grossis c’est pourquoi jel’ai fait. Après je n’ai pas vu mes règles je suis partievoir la sage femme elle m’a dit qu’il n’y a pas(2) La prévalence contraceptive est faible au Sénégal, elle est estimée à 10,3en 2005 (Ministère de la santé du Sénégal. Enquête Démographique etde Santé.2005, 467p.)237

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