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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE VI-5Le mariage, entre souhait et obligationird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012par consentement mutuel est plus ou moins acceptédepuis que cette modalité est préférée par les jeunesgénérations à une union matrimoniale arrangée par lesfamilles. Dans certaines ethnies, comme les pulaar, lemariage demeure précoce et il est difficile de restercélibataire en l’absence de motif légitime. Les motifsd’exemption momentanée ou définitive comprennentune maladie grave ou invalidante, une impuissancesexuelle masculine, la folie, une absence due à unvoyage pour travailler, notamment pour chercher desressources pour nourrir sa famille.Certaines situations renforcent la nécessité de l’union,lui donnant un caractère d’urgence : pour les hommes,lorsque les jeunes frères sont mariés, la situationdevient intenable pour les grands frères célibataires,pour lesquels la pression du groupe s’accroît. Dansles sociétés qui instituent des « promesses demariage », la pression peut créer des conflits à proposdu choix du conjoint (de la conjointe) – entre celui(celle) élu(e) par la famille et celui (celle) choisi(e) parla personne (3) . Le mariage sans choix du conjoint esttoujours une obligation sociale dans certains groupesethniques et contextes socioculturels, les pressionsauprès de jeunes adultes se faisant de plus en plusinsistantes avec les années.L’obligation du mariage éprouvée par les hommes estsymétrique pour les femmes, comme le démographeP. Antoine l’a décrit : « La primauté du mariage pour lesjeunes filles à Dakar peut pousser à des choix parfoisprécipités. En effet, la pratique de la sexualité en dehorsdu mariage est prohibée et le mariage est valorisant etvalorisé pour les femmes. Le cadre de vie nécessaire àleur épanouissement reste le foyer conjugal et toutes lesfemmes y aspirent. Aussi important que puisse être leurniveau d’instruction ou la fonction occupée, toutes lesfemmes reconnaissent que le mariage est nécessaire àla femme, que le mari complète la femme et que lafemme a besoin d’un référent qui ne doit plus être,passé la puberté, le père ou l’oncle mais le mari. Cettesoif immense d’être mariée est confortée par lespressions familiales et sociales. L’entourage voyant lajeune femme avancée en âge, pousse de plus en plusau mariage. Qu'importe les voies suivies, l’essentielc’est de se retrouver unie avec un homme par les lienssacrés du mariage. » (Antoine, Dial, 2003).Le mariage est donc une institution puissante dans lasociété sénégalaise, en évolution, qui fait l’objet de(3) Plusieurs règles sociales déterminent le choix du conjoint : des relationssociales fortes entre deux familles, deux groupes sociaux qui se donnentmutuellement des épouses, un même lieu de naissance (la maison),comme le décrivent Gomila et Clarkson à propos de la société bédik duSud du Sénégal (1983 : 25).plusieurs modèles culturels et entre désirs individuels etchoix familiaux. Le contexte de l’infection à VIH vientencore complexifier le tableau.2. METHODOLOGIEPour comprendre comment les PvVIH gèrent la questionde l’union matrimoniale, nous avons abordé cethème dans le cadre de notre enquête sur l’expériencede la vie avec le VIH et les antirétroviraux. Les informationsont été recueillies à travers des entretiens semistructurés(25 au total), répétés pour certains, afind’approfondir la thématique du mariage. Les entretiensont été menés avec les PvVIH, les assistants sociaux,les responsables associatifs. Les PvVIH ont été contactéesen s’appuyant sur les responsables associatifs quiont aidé à convenir d’un rendez-vous avec elles. Ellesont été rencontrées au Centre de Traitement Ambulatoire(CTA) et au Centre de Recherche et de FormationClinique de Fann (CRCF). Les patients ont été invités ànous raconter leur expérience de vie personnelle, enévoquant l’évolution de la maladie, leur état de santé, ledésir de mariage, l'influence de l’entourage concernantcette question, la sexualité pour certains d’entre eux, lespratiques préventives vis-à-vis des partenaires, lesdifficultés rencontrées dans leur quotidien en rapportavec les pressions éventuelles de l’entourage concernantla question du mariage ou du remariage, etc.Ces entretiens avec les PvVIH ont été suivis de rencontresavec les informateurs clés (6 au total) : responsablesassociatifs, assistants sociaux, médecins, et pharmaciens.Ces derniers interagissent avec les PvVIH etsont parmi les premiers qui recueillent les manifestationsde désirs d’union ou les difficultés liées à lapression de l’entourage.Les entretiens ont été enregistrés puis retranscritsintégralement et les fichiers Word ont été ensuite importésdans un logiciel de traitement de données qualitatives: Nvivo 8.0. Les informations ont ensuite été traitéeset analysées en s’aidant de la codification opérée et desliens créés entre variables.Les personnes interviewées ont été assurées de laconfidentialité de l’enquête. L’identité de ces enquêtésn'a pas été révélée en dehors des personnes directementimpliquées dans la prise en charge au quotidien oudans les associations concernées. Ce besoin de respectde la confidentialité nous a conduit à prendre le parti, àla demande des personnes rencontrées, de mener lesrencontres au sein des services de santé concernés(CTA et CRCF).244

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