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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE IV-3Le partage de l’information sur son statut sérologique dans un contexte de polygamieird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012recherche d’un soutien psychologique, moral, ousanitaire. Le choc lié à l’annonce de la séropositiviténécessite, chez la majeure partie des personnesenquêtées, un appui psychologique pour surmonter lapeur, la surprise, la culpabilité et parfois la honte liée àce statut. Elles perçoivent leur séropositivité commeune menace pour la vie et la survie quotidienne. Lesfacteurs favorisant le partage de l’information sont laconfiance, la probabilité de ne pas pouvoir être tenuresponsable de la séropositivité VIH ou au contrairecelle de se sentir coupable d’être à l’origine de cettesituation.C’est le cas des jeunes femmes mariées qui découvrentleur séropositivité lors de leur grossesse, et quichoisissent d’en parler d’abord à leur mère.L’expérience d’Ami, 22 ans remariée après un divorced’un mariage forcé raconte son expérience :« Dés que la sage-femme m’a informée de monstatut, elle m’a demandé à qui je voulais en parler, jelui ai dit à ma mère d’abord puis après l'accouchementà mon père »Astou, remariée en troisième position dans unménage polygame après un veuvage a égalementimmédiatement informé sa mère :« Immédiatement je suis sortie en courant pour appelerma mère pour qu’elle vienne discuter avec elle.Ma maman était venue je lui ai expliqué. J’ai appeléma maman parce que c’est elle qui m’a éduquée, elleconnaît mon caractère, et sait ce dont je suis capableou pas ».Assia, mariée depuis 19 ans, a vécu une expériencesimilaire :« Je suis le seul enfant de ma mère. Lorsque je suistombée malade c’est elle qui m’aidait. J’étais avecmaman ce jour à la consultation parce que j’étaisfatiguée. Quand on m’a appelée pour le test j’ai dis à mamaman de venir avec moi mais les sœurs m’ont dit nonelle doit m’attendre. Elles m’ont dit qu’elles ont vu lamaladie dans le test. Elles me demandent est-ce que jeveux que ma maman le sache. Je veux bien qu’elle lesache je suis son seul enfant c’est elle qui m’aide. Elleme demande si je suis mariée je lui ai dit oui. Elle medemande aussi si je veux que mon mari soit au courantje lui ai répondu que je ne suis pas encore arrivée à cestade mais je sais que je n’ai eu qu’un seul mari. Je n’aijamais été une prostituée, j’étais fidèle à mon mari.Quand j’étais mariée j’étais vierge. Après elle m’ademandé comment tu dois faire pour l’annoncer à tamère ? Je lui ai dit je vais l’appeler tout de suite pour quevous le lui dites. Elle m’a dit que c’est à toi de l’annoncercomme c’est toi qui l’as appelée et j’ai appelé immédiatementma mère et je le lui ai dit ».Les mères ou la fratrie utérine des femmes séropositivesqui estiment qu’elles n’ont « rien à se reprocher »et se perçoivent comme des victimes peuvent êtresollicitées et devenir des alliées pour faire face auxcontraintes liées à la séropositivité. Les propos deFatou, 35 ans confirment le soutien déterminant desmères dans ce contexte :« Ma maman m’a toujours défendue, c’est pourquoij’ai pris la décision de lui annoncer mon statut. Elle m’acomprise et m’a beaucoup soutenue, pourl’allaitement au biberon, c’est elle qui m’aidait à résisteraux critiques de l’entourage »Certains patients optent pour le partage avec unepersonne externe de la famille pour bénéficier d’unsoutien sans risquer de divulguer leur statut. C’est lecas de Sophie, 35 ans, remariée en deuxième positiondans un ménage polygame, qui explique :« Il y avait un jeune homme qui était locataire dans lamaison qui m’aidait beaucoup, je le considéraiscomme mon propre frère. Je me suis confiée à lui. »Annoncer son statut sérologique peut permettred’expliquer les motifs de l’adoption de nouveaux comportementsconcernant la sexualité, qui peuvent semanifester par l’évitement des relations sexuellesvoire l’abstinence ou l’utilisation du préservatif (cf.chapitre : Sexologie). L’information sur la séropositivitéVIH permet également de justifier la persistance d’uncélibat, le refus de remariage ainsi que l’impossibilitéd’accepter certaines unions dans son groupe socialsoutenues par l’entourage, ou à contrario de justifierdes unions en dehors de cet environnement notammentau sein des associations de PVVIH.D’autres circonstances peuvent favoriser le partagede l’information, telles que la volonté de contrôler lecontenu de l’information sur les circonstances detransmission de la séropositivité par crainte de ladiffusion d’informations erronées ou péjoratives.Divers besoins liés à l’état de santé des personnes, àl’accessibilité des soins, au contexte de vie vont déterminerl’évolution des pratiques autour du partage del’information ou du maintien du secret.3.6. Les conditions du partage différéLes entretiens répétés avec des informateurs clésdurant plusieurs années ont montré qu’au fil du temps,223

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