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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE IVAspects sociauxIV-5Le mariage,entre souhait et obligationTidiane Ndoyeird-00718213, version 1 - 16 Jul 20121. INTRODUCTIONLe mariage peut être défini comme l’union reconnuereligieusement, « traditionnellement » ou juridiquement,entre un homme et une femme, ces modalités pouvantaller l’une sans l’autre. Le mariage est une institution trèsvalorisée dans la société sénégalaise. Se mariermarque une étape importante qui signifie le completpassage à l’âge adulte et permet la constitution d’unefamille. Arrive un âge où il est difficile de rester célibatairesans « raison valable » : en résulterait une forme dedéconsidération dans une société où les normes et lecontrôle social sont très prégnants.Jusqu’aux années 2000, les PvVIH, découragées face àune maladie stigmatisée et considérée comme mortelle,se gardaient de faire des projets à long terme, entreautres celui de se marier. Mais depuis l'arrivée desmulti-thérapies antirétrovirales, l'amélioration progressivede leur santé et le retour à une vie quotidienne« normale » leur permet d’envisager l'avenir. Cet avenirinclut pour nombre d’entre elles le mariage – volontairementou sous la pression sociale.L’objectif de ce chapitre est de décrire et d’analyserl’expérience des PvVIH concernant la quête matrimonialeet le mariage. Ceci impose de préciser les attitudesdes PvVIH – entre désir de mariage et injonction del’entourage, entre stratégies pour trouver un conjoint etpour éviter les prétendants – et de montrer les situationssociales correspondantes, dans leurs divers contextesfamiliaux. Cette analyse permettra de mettre au jour l’undes effets sociaux de l’infection à VIH et de discuter unaspect particulier de la notion de « normalisation » de lavie sous antirétroviraux au Sénégal.Avant de présenter notre étude, des précisions s'imposentconcernant l’institution du mariage et ses dimensionssociales dans la société sénégalaise.1.1. La place du mariage dans la sociétésénégalaiseLes sociologues montrent que le mariage est unepratique toujours valorisée dans la société sénégalaise(Diop, 1985 ; Dial, 2008). Cette institution sociale a uneimportance symbolique majeure (Nyamnjoh, 2005). Lemariage officialise la relation d’union entre un homme etune femme de même qu’il organise le cadre légitime dela sexualité et de la reproduction biologique. Lemariage constitue tout à la fois une norme sociale etreligieuse et est, à ce titre, très valorisé. Ceci expliquela permanence de cette pratique et son importance,perceptible dans les statistiques nationalesconcernant les caractéristiques sociodémographiquesde la population sénégalaise (Ministère del’Economie et des Finances, Agence Nationale deStatistiques et de Démographie, 2006 : 20-21 (1) ). Lesrésultats du recensement montrent qu’entre 45 et 49ans, plus de 90 % des personnes sont mariées, etque la majorité des sénégalais (57,5%) sont déjàmariés entre 25 et 29 ans. Les célibataires ne représententplus que 12,1% de la tranche 35-39 ans, et7% de la tranche 40-44 ans. Les statuts « autres »,c’est-à-dire différents de marié(e)s, divorcé(e)s,veuf(ve)s, ou célibataires, sont marginaux. Il apparaitdonc que le Sénégal est très « conservateur » en cequi concerne les formes d'unions reconnues socialementet juridiquement.Le mariage était autrefois considéré comme un despaliers du passage à l’âge adulte, de même quel’accès à l’emploi ; les chiffres ci-dessus montrent queles statuts matrimoniaux ne sont plus strictementcalqués sur les âges biologiques, puisque le tauxmaximal de mariages est atteint au-delà de 40 ans.Ce délai au mariage est en partie dû aux difficultéséconomiques pour établir le couple et à l'augmentationde la durée des études, comme dans d’autrespays de la sous-région. Ce délai ne réduit pasl’importance du mariage ; chez les hommes commechez les femmes, il garde son caractère impératifmalgré les évolutions en cours, telle que la place plusimportante du mariage par consentement mutuel,l’entrée dans la sexualité qui reste relativementstable (2) , ou l’augmentation du nombre des naissanceshors mariage (Meekers, 1992).L’organisation du mariage ne suit pas les mêmeslignes d’un groupe ethnique à un autre : le mariage(1) http://www.ansd.sn/publications/rapports_enquetes_etudes/enquetes/RGPH3_RAP_NAT.pdf (consulté le 2 mai 2012).(2) « L’âge médian des hommes aux premiers rapports sexuels qui s’établità 22,7 ans, varie à peine des générations les plus âgées aux plus jeunes(...).Entre l'EDS-IV de 2005 et la présente enquête, l’âge médian aux premiersrapports sexuels des femmes de 20-49 ans n’a pratiquement pas changé.De 18,7 ans en 2005, il s’établit à 18,8 ans en 2010-2011 » (ANSD, ICFInternational, 2012 : 66).243

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