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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE III-4 Les plaintes et leur interprétation : effets des antirétroviraux, du VIH ou du vieillissement ?ird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012« C’est facile de parler des effets positifs puisqu’on estencore en vie (rires). Ça fait 13 ans que je suis là. Letraitement a allongé ma durée de vie. » (Fanta)« Moi je sais que les médicaments sont bons parceque lorsque j’ai commencé le traitement, les gens medisaient que je n’allais pas vivre plus de 3 mois...Grâce aux médicaments, j’ai vécu… D’ailleurs, tousceux qui avaient des soupçons au début ont fini parcroire que je n’ai pas le VIH grâce à la façon dont monétat s’est amélioré. Même son frère qui devaitm’épouser (lévirat) après le décès de mon mari n’ycroit plus. Il dit que je n’ai pas le VIH. » (Karimatou)« Je n’ai remarqué que de bonnes choses. Comme jete l’avais dit, je tiens beaucoup à mon traitement et jerespecte toujours mes RV. D’ailleurs, je viens toujoursla veille du RV fixé. Même tu vois, je fais toujoursattention à mon traitement. Je tiens beaucoup à montraitement… J’ai souvent la forme au point que lesgens en parlent. » (Bousso)« Sans ces médicaments, peut-être qu’en ce moment,je ne serais pas là ». (Aïda)Les personnes sollicitées pour expliquer les effets desantirétroviraux le font souvent en mettant en contrastela vie « avant le traitement » et celle « après » :« Je trouve que c’est bien. Depuis que j’ai commencé àprendre les médicaments, je rends grâce à Dieu. Maintenant,je parviens à travailler. Toi-même tu l’asconstaté, je ne me repose pas. Avant de commencer letraitement, je ne faisais rien, j’avais épuisé toutes meséconomies. Mais maintenant, je remercie le bon Dieu.Je trouve que le médicament est très bon. » (Bigué)« Avant le traitement, j’étais dans la misère, j’avais peur.Mais quand j’ai commencé à prendre les médicaments,je suis devenue confiante. J’ai grossi, mes habits étaientdevenus serrés. J’avais de l’appétit. Je mangeais beaucoupcar j’avais tout le temps faim. La première fois quej’ai pris les médicaments, j’avais des vertiges et j’ai eusommeil. Mais je n’ai pas senti de déformation sur moncorps. » (Bousso)« Au début de ma maladie, je n’arrivais même pas àtravailler. Mais maintenant, je fais tout, je pile, je cultive,bref, je parviens à faire tous mes travaux domestiques.Peut-être, au début du traitement, j’avais juste desvertiges, mais ça va, je rends grâce à Dieu. Les médicamentssont vraiment efficaces… » (Coumba)Ces descriptions d’états antérieurs marqués par lafatigue, les « petites maladies », la maigreur, et parfoisun état clinique préoccupant, tiennent au fait que lamajorité des personnes de la cohorte étaient symptomatiquesau moment de leur mise sous ARV. Ces souvenirssont rapportés avec précision bien qu’ils datentd’environ dix ans (respectivement 9, 10 et 12 ans pourles personnes qui s’expriment ci-dessus).La dimension psychologique est aussi souvent mentionnée,attestant d’un sentiment de sécurité apporté par lestraitements qui transparait dans de très nombreux entretiens,explicite dans les extraits suivants :« Je pense que les gens ont réalisé l’utilité des médicaments.Ils nous permettent de nous maintenir en vie.L’espoir naît avec les médicaments. Psychologiquement,on tient le coup parce qu’on sait qu’avec les médicaments,la maladie ne va pas gagner du terrain. »(Bassirou)« Moi pour revenir aux effets des médicaments, je diraisque grâce à eux, je ne suis plus maladive comme avant.J’étais tout le temps malade. J’ai repris ma forme grâceaux médicaments. Lorsque je prends les médicamentsje me sens bien parce que psychologiquement je suisrassurée. C’est comme si j’étais guérie. » (Mariama)D’ailleurs on peut se demander au vu de certains entretienssi cet effet globalement positif ne conduit pascertaines personnes à attribuer des troubles concomitantsà des causes non liées au VIH ou au traitement, ouà les minorer :« Mais parfois je maigris, pas à cause de la maladie,mais juste à cause des soucis (…) Je sens juste unzona. J’en ai même parlé au médecin. Ça brûle detemps en temps. Il m’avait prescrit une pommade. Maisça ne me fatigue pas. » (Bousso)Le constat empirique de l’efficacité des traitements auvu de ce que sont devenues des personnes proches-qui ont ou n’ont pas utilisé les antirétroviraux- renforcece sentiment de sécurité et d’efficacité des traitements :« Je pense qu’on est tous des croyants, qu’on soitmusulman ou chrétien. Nul ne peut échapper à lamort… avant on disait qu’on ne pourrait pas vivreau-delà de 10 ans avec le VIH et pourtant beaucoup depersonnes sont mortes avant nous. Si je prends exemplesur mon fils, je n’avais aucun espoir quant à sasurvie et pourtant il vit encore. Donc je me dis qu’il n’y apas lieu de s’alarmer, Dieu est Grand. » (Maïmouna)« Moi par exemple, ma fille fait sa licence cette année etpourtant elle est née avec le VIH. Seul Dieu sait leseffets à long terme et on espère qu’on trouvera le médi-160

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