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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE IV-4Les attitudes en matière de procréationird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012alors d’en parler à son époux avec le soutien del’assistante sociale qui lui fait faire un test VIH quirevient négatif. Son conjoint ne la rejette pas et luiapporte un soutien régulier. Elle estime que c’est enpartie en raison « de l’attachement de son époux àl’enfant » et de la séronégativité de l’enfant que lesconflits ont pu être évités.Avoir un enfant sous la pression de son conjoint oudu contexteCertaines personnes enquêtées nous ont rapportéqu’ils ne souhaitaient plus d’enfant mais qu’ils avaientcédé à la pression de leur conjoint. C’est le cas decertains hommes ou femmes, séropositifs, divorcés ouveufs, remariés avec des conjoints sans enfant qui endésirent. Ils sont soumis à la pression du conjoint et del’environnement familial pour en avoir. C’est le cas deChérif, 50 ans, traité par ARV depuis 9 ans, père dedeux enfants, vivant seul plus de 15 ans à la suite d’undivorce ; il refuse toutes les propositions de mariagevenant de sa famille durant plusieurs années. Il résidedans une grande concession familiale avec ses frèreset sœurs, tous mariés. Il vit mal cette situation quisuscite beaucoup de commentaires par son entourage; il finit par céder à la pression familiale en acceptantd’épouser une jeune cousine moins âgée d’unevingtaine d’années, veuve et mère d’un enfant. Ilpense que le fait que la jeune fille ait déjà été mère lemet à l’abri du désir d’enfant. Il rapporte qu’il ne peutpartager l’information sur sa séropositivité avec ellesous peine de divulgation de son statut sérologique àtoute la famille, il lui impose l’usage du préservatifsans lui en expliquer les véritables motifs. Au bout dedeux années de mariage sans enfant, l’entourage lepresse de questions sur les raisons de l’infertilité deson épouse et lui impose d’avoir recours à diversthérapeutes traditionnels. De plus, il vit une périodemarquée par divers conflits avec sa jeune épouse quiaccepte mal son autorité. Il craint qu’elle ne demandele divorce et divulgue que son époux la contraint àutiliser des préservatifs durant les relations sexuelles,ce qui pourrait amener à faire connaitre sa maladie. Ilpense également que l’absence d’enfant est un obstacleà l’affection que sa femme lui porte et à sa« soumission ». Il décide d’arrêter l’usage des préservatifstout en essayant de ne pas la blesser lors desrelations sexuelles car selon lui « on dit que ce sont lespetites blessures qui favorisent la transmission ».Son épouse est enceinte au bout de quelques mois. Ilarrête alors toute relation sexuelle jusqu’à son accouchementet vit une période difficile, tenaillé par lacrainte de la transmission du VIH à son épouse. Il laconduit à la structure de santé auprès de son médecintraitant pour réaliser un test VIH qui revient négatif à songrand soulagement. Elle accouche d’un enfant dont letest VIH revient négatif. Il rapporte comment la maternitéde son épouse a amélioré leurs relations conjugales, carelle est devenue plus « gentille et tolérante » avec lui,mais également a modifié les relations avec l’entourage :« la maternité l’a éduquée ».Des situations de maternité sous la pression desfemmes sont également rapportées. C’est le Absatou,25 ans mariée avec son cousin germain depuis 9 ans,mère d’un enfant de 5 ans. Elle suit une thérapieantirétrovirale depuis 4 ans et rapporte que son mariséropositif utilise les préservatifs lors de leurs relationssexuelles depuis l’annonce de leur double statut sérologique.Au bout de deux ans, elle se sent bien etsouhaite avoir un autre enfant, ce que son conjointrefuse. Elle lui explique qu’elle n’a qu’un seul enfant etqu’elle est quotidiennement soumise aux pressions deson entourage sur cette situation. Son époux lui rétorqueque lui-même ayant eu plusieurs enfants d’unpremier mariage, ne souhaite plus d’enfant en raisonde leur statut VIH. Elle décide de refuser tout contactsexuel avec lui avec un préservatif. Son époux finit parcéder malgré lui et elle est enceinte au bout de quelquesmois.3.4. Stratégies liées à la procréation pourdes personnes informées de leur statut VIHLes maternités qui surviennent chez des femmes quise savent séropositives peuvent être « choisies » ou« subies ». Celles qui désirent avoir un enfant mettenten œuvre diverses stratégies pour maximiser leurschances de survenue de grossesse. Certaines grossessespeuvent être également subies par ignorance,par absence d’accès à des techniques de contraceptionsadaptées, en raison de l’allaitement artificiel quiles prive de l’effet d’augmentation de la durée intergénésique,ou suite au désir d’enfant du conjoint et auxpressions de l’entourage. Ces différents facteurspeuvent être également intriqués les uns avec lesautres dans des configurations complexes.3.4.1. Stratégies pour avoir un enfantLes femmes enquêtées mettent en œuvre différentesstratégies qui dépendent du statut sérologique de leurconjoint, de leur contexte de vie, de leur niveau deconnaissance sur le VIH, de leur capacité à obtenirdes informations sur les stratégies et les risques de laprocréation auprès des professionnels de santé oudes espaces d’échange dans les associations dePvVIH. Elles multiplient les relations sexuelles avecleur conjoint, renforcent l’observance au traitement236

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