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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE IV-7Les personnes âgées et la fréquentation des associationsird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012politiques, on ne pense pas aux personnes âgéesdans les politiques liées à la maladie du sida. J’avaismême un jour posé une question à l’occasion d’unséminaire auquel j’avais assisté au docteur, à savoirqu’est-ce que vous faites avec vieillissement et sida.Tout ce que le docteur a pu répondre c’est qu’il y a leplan SESAME, alors il oubliait que le sida est unemaladie particulière ». Le même enquêté dit aussi :« Je pense que ceux qui déterminent les politiquesassociatives ne connaissent pas les besoins despatients, et nos politiques associatives suivent lesdirectives du plan national, et elles ne prennent pasen compte le point de vue des pvVIH ».Par ailleurs les entretiens que nous avons faits aveccertains responsables et présidents d’associationsde pvVIH confirment qu’il n’y pas d’activités particulièreset spécifiques selon les différentes catégoriesd’âge ou de sexe. Or des personnes âgées demandentaux associations de proposer des actionsspécifiques. Il pourrait s’agir notamment de groupesde parole qui leur soient réservés, ou de séancesd’information qui concernent leurs préoccupationsliées à leur âge.5. CONCLUSIONCet article a analysé les « comportements associatifs etnon-associatifs » des personnes âgées de cinquanteans et plus et atteintes du VIH à Dakar et les facteurs quiles expliquent. Les résultats de la recherche permettentde constater la diversité des motifs de non fréquentationdes associations d’appui aux personnes vivant avec leVIH par les personnes âgées.L’adhésion ou non à une association dépend desdimensions psychologiques, socio-économiques etthérapeutiques, du vécu de la maladie. Outre ceslogiques qui expliquent les motivations individuelles,l’information sur les associations et les modalitésd’orientation des personnes âgées déterminent lesrecours. Un troisième élément essentiel est l’offre deservices mise en place par les associations de pvVIHpour prendre en charge les attentes et besoins despersonnes âgées atteintes par le VIH. Ces aspectsdépendent des perceptions que les personnes âgéesont des associations ; or, l’enquête a montré que lespersonnes sont mal informées et que les associationsne gèrent pas bien la communication, ni lesystème de référence et contre-référence. Ces troisdimensions créent un déphasage entre l’offre deservices des associations et les besoins expriméspar les personnes âgées, qui ne favorise pasl’adhésion de ces dernières.Certes, quel que soit le contexe, les personnes lesplus âgées ont tendance à réduire leurs déplacementset la sollicitation de nouveaux réseaux. Ce repli sur soiest encore facilité si elles ne trouvent pas dans lesassociations ce qu’elles y recherchent, ou si elles nesont pas informées sur ce que les associationspeuvent leur offrir. Cependant, à part le « décalagegénérationnel » et peut-être le « décalage éducationnel», les motifs de non-fréquentation des associationspar les personnes âgées auprès desquelles nousavons enquêté ne sont pas liés à leur âge. De plus lesbesoins qu’elles expriment (physiologique, psychologique,socio-économique, ou thérapeutique) sont peuspécifiques de leur âge. La question clé expliquant lafréquentation des associations par ces personnes estdonc celle de l’adaptation de l’offre de services et des« politiques associatives » aux besoins des PvVIH engénéral. D’autre part un certain nombre de personnesâgées ne fréquentent pas les associations parcequ’elles n’en ont pas besoin.Pour les personnes âgées comme pour les leadersassociatifs, la perception de l’offre est assez négative,puisqu’elle est présentée de manière comparative àun passé où davantage de services pouvaient êtreproposés. Ceci laisse penser que dans une sociétédominée par la pauvreté, où les personnes vivant avecle VIH sont particulièrement touchées, et où parmielles les personnes âgées sont les plus défavoriséesparce qu’elles n’ont pas davantage de revenus tout enayant davantage de charges que les jeunes, ondemande aux associations de pallier aux injusticessociales et de « régler les problèmes liés à la pauvreté». Si cela fut possible dans le passé lorsque le nombrede PvVIH était plus limité et les financements disponiblesétaient plus importants, cette demande ne peutplus être satisfaite. Il semble que les associations ontun problème d’image : les personnes les sollicitentplus pour ce qu’elles ne peuvent pas offrir (les aideséconomiques) que pour d’autres aspects qu’ellespeuvent offrir (la solidarité), alors que ce dernieraspect est satisfaisant pour ceux qui y ont accès. Lesassociations sont d’abord perçues pour leur dimensionde prestataires de service et d’appui aux PvVIH.Pourtant les personnes qui fréquentent les associationsy trouvent aussi autre chose qu’une aide, et ellesen sont satisfaites. Elles y trouvent la possibilité deparler avec d’autres personnes des problèmes qui lesconcernent : c’est la dimension d’auto-support desassociations de personnes vivant avec le VIH. Associationsprestataires d’appui aux PvVIH ou associationsd’auto-support de PvVIH ? Cette double dimensiondes associations semble difficile à gérer entermes d’image et de communication.291

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