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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE IV-3Le partage de l’information sur son statut sérologique dans un contexte de polygamieird-00718213, version 1 - 16 Jul 20123. RÉSULTATS3.1. Profil social des personnes enquêtéesL’âge des personnes enquêtées varie de 19 ans à 55ans. Ces personnes constituent deux groupes : le groupe« informateurs clés » et le groupe « femmes PTME ».TABLEAU 1RÉPARTITION PAR SEXE ET STATUTMATRIMONIAL DES 34 PERSONNES« INFORMATEURS CLÉS » EN 2009 (3)Statut Homme FemmeCélibataire 2 3Marié(e) 13 9Divorcé(e) 3 1Veuf(ve) 1 2Le statut matrimonial et familial de nombreux patients aévolué au cours des années : 10 patients se sont remariéset 17 enfants sont nés. Le nombre de patientsévoluant dans des ménages polygamiques est passé de4 à 7. Les patients demeurés célibataires ou veufs sontdes femmes ménopausées ou de jeunes femmes ouhommes célibataires relativement isolés.Toutes les 25 femmes enquêtées appartenant augroupe « femmes PTME » sont mariées. 11 d’entreelles se sont remariées soit à la suite d’un veuvageou d’un divorce, 8 parmi elles vivent dans des ménagespolygamiques.3.2. Partager ou ne pas partager ?Les recommandations liées à la divulgation du statutVIH s’inscrivent dans les stratégies de prévention« positive ». Elles encouragent le partage de l'informationavec le conjoint ou son entourage à « des finsbénéfiques » pour combattre le déni mais égalementle risque de transmission sexuelle à un partenaire(ONUSIDA, 2001). Elles sont largement suivies parles professionnels de santé qui incitent les personnesséropositives à partager l’information avec leurconjoint, et toute personne de confiance de leur entouragesusceptible de leur fournir un soutien psychologique,moral ou financier pour faire face aux contraintesde l’infection à VIH.(3) Pour les patients décédés, c’est le dernier statut matrimonial avant leurdécès qui a été retenu.Parmi les 34 informateurs clés initialement suivis àpartir de 1998, seuls 2 patients n’ont jamais informéofficiellement aucun membre de leur entourage deleur séropositivité sur une période de près de dix ans :une jeune femme célibataire et un homme divorcé. Ilssont tous les deux décédés.Chez les femmes séropositives enceintes, 12 sur 25n’ont pas partagé l’information avec leur conjoint ou unautre membre de leur famille. Il s’agit généralement defemmes dépistées lors d’une grossesse récente dansle cadre de la PTME sans aucun signe d’altération deleur santé qui éprouvent des difficultés à informerimmédiatement leur partenaire et celles qui, divorcéesou veuves, se sont remariées dans une union polygamiqueen deuxième, troisième ou quatrième position.3.3. Une question de circonstances ou demotivation de celui qui annonce ?Face aux recommandations des professionnels desanté de partager l’information avec le conjoint et luiproposer un dépistage VIH, les personnes enquêtéesprennent une décision en évaluant les risques et avantagesliés à leur contexte de vie. Pour nombre d’entreelles, partager l’information est perçu de manièreambivalente comme une opportunité à la fois pouratténuer sa souffrance, pour expliquer les motifsd’altération de sa santé et la récurrence des signes demaladie, pour justifier les fréquents déplacementsdans des structures des soins et pour obtenir desaides afin de faire face au coût financier lié à la priseen charge biomédicale.Dans certaines circonstances le partage de l'informationa été induit avec plus d’insistance par le système desoins. Pour les professionnels de santé, l’annonce auconjoint est nécessaire pour diverses raisons. Ilsévoquent d’abord l’importance du dépistage du ou desconjoints pour l’adoption de changements préventifsvisant à prévenir tout risque supplémentaire de transmissionsexuelle du VIH en cas de séronégativité duconjoint, et également pour assurer une prise en chargeimmédiate des personnes dépistées séropositives. Lespersonnes enquêtées rapportent régulièrement que lesprofessionnels de santé indiquent qu’il est nécessairede partager, parfois de manière agressive comme lerapporte Fatou, 29 ans, dépistée lors d’une grossesse :« Lors des mes consultations, tout le temps, ils medemandaient si j’avais partagé, ils me le répétaienttout le temps, ils me disaient que je devais avoir hontede risquer de contaminer d’autres personnes alorsque personne ne pouvait savoir qui avait contaminél’autre. Alors que moi, je voulais avoir au moins un221

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