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Bernard Taverne, Alice Desclaux, Papa Salif Sow

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CHAPITRE V-6Mesurer la stigmatisation : comparaison entre approches relativiste et universaliste auprès des veuvesird-00718213, version 1 - 16 Jul 2012(associatifs), 3 pensent que non, 2 sont sûres que cen’est pas le cas.- 1 personne rapporte que quelqu’un n’a plus voulu latoucher à cause du VIH (pas sûr), ce n’était pas le caspour 9 femmes, et la question est inapplicable pour 3femmes qui n’ont dévoilé leur statut à personne- 1 personne rapporte que « certaines personnes sontmal à l’aise avec elle à cause du VIH » (pas sûr), cen’est pas le cas pour 9 femmes, et la question estinapplicable pour 3 femmes qui n’ont dévoilé leurstatut à personne- 1 personne rapporte que « certaines personnesdisent qu’elle est responsable de ce qui lui arrive etpaie des actes qu’elle a faits » (pas sûr), ce n’est pasle cas pour 9 femmes, et la question est inapplicablepour 3 femmes qui n’ont dévoilé leur statut à personne- 1 personne rapporte avoir subi une situation d’abus(licenciement), ce n’est pas le cas pour les 12 autresfemmes- 1 personne a un score de discrimination de 1/3, les12 autres ont un score égal à 0.- 2 personnes rapportent s’être auto-isolées au coursdes 12 derniers mois, ce n’est pas le cas pour les 12autres femmes- 7 personnes rapportent s’être senties mal à l’aise àcause du VIH au cours des 12 derniers mois, ce n’estpas le cas pour les 6 autres femmes- 1 personne rapporte s’être sentie coupable de sonstatut au cours des 12 derniers mois, ce n’est pas lecas pour les 12 autres femmesCette micro-synthèse montre que les perceptionsd’actes discriminatoires sont exceptionnelles, et neconcernent qu’une infime minorité des veuves qui ontparticipé à l’enquête. Le seul item qui suscite desréponses majoritairement positives est celui de l’autostigmatisation.4.3. La confrontation des réponses individuellesaux questionnaires et aux entretiensL’enquête Entretiens avait dévoilé des expériencesmarquées par la souffrance liée directement ou indirectementà l’infection à VIH (8) . Cette dimension n’apparaîtpas dans les réponses aux questions des outils génériques.Quelques études de cas en attestent, qui ont étéobtenues en colligeant les propos des femmes tenuslors des entretiens individuels et collectifs.HolèlElle a 58 ans, sans niveau d’éducation, 17 ans deveuvage, ménagère, 11 ans de traitement ARV, 7enfants. Elle vit avec 4 de ses enfants (les autres sontmariées). « C’est vrai qu’avant l’annonce de monstatut, j’avais des soupçons parce que, lorsque monmari était en vie, ses parents m’aimaient beaucoup,mais juste après son décès, tout le monde m’a évitée.Personne n’a accepté le lévirat avec moi. C’est ainsique j’ai commencé à douter de la cause de sondécès... ». Elle n’a pas partagé son statut VIH avec quique ce soit. Elle aimerait se remarier mais craint derévéler son statut à une personne séronégative, et lespersonnes vVIH qu’elle a rencontrées ne lui conviennentpas. Pour elle, « le plus dur c’est, comme ce quim’est arrivé, ton mari meurt sans te laisser un toit. Dèsle 10 du mois, tu commences à perdre le sommeil àcause du loyer et c’est la situation dans laquelle setrouvent la plupart des veuves au Sénégal. »Son score de discrimination est 0/3. N’ayant pas communiquéson statut sérologique, elle s’est protégéedes actes stigmatisants. Pourtant, c’est cette étiologiedu décès de son mari et la suspicion de la part de tiersqu’elle soit infectée par le VIH qui l’ont empêchée dese remarier. La discrimination a été effective dans lapériode qui a suivi le décès. Par la suite, elle a cumuléles charges et responsabilités par rapport à sesenfants, et vécu dans une précarité qui a été engrande partie provoquée par son veuvage ; c’est uneconséquence secondaire de l’infection à VIH de sonmari. Sa situation sociale difficile est certes dûe à sonstatut de veuve ; mais la notion d’infection à VIH l’aempêchée de sortir de cette condition. Ce cas montrequ’une discrimination « en acte » passée peut avoirdes conséquences majeures à long terme.FantaCette personne a 53 ans, a fait des études secondaires,22 années de veuvage, gérante d’un petit restaurant, 9ans de traitement ARV, 6 enfants. Elle a découvert sonstatut sérologique alors qu’elle vivait en concubinage.Cette veuve sait qu’elle est infectée par le VIH depuis 12ans mais n’a « partagé » son statut avec personne. Ellea aussi un diabète, ce qui lui permet de « cacher » sonVIH sans difficultés. Elle a une fille qui a fait des étudesde sage-femme ; elle voulait attendre qu’elle ait fini sesétudes pour lui annoncer son statut, mais le momentvenu elle dit n’avoir pas su comment partager. Ellesouhaite le lui dire pour qu’elle ne le découvre pas parhasard après son décès, ce qui selon elle pourraitcauser du tort à sa fille.Son score de discrimination est également de 0/3.Cette femme cache son statut sérologique, y comprisà sa fille, depuis 12 ans. La stratégie qu’elle a mise en(8) Voir chapitre sur les veuves.387

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