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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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conceptions de la "solution sûre" que la doctrine diffuse, solution constante,<br />

solution acquise, solution exacte, ou prévisible, il ne s'agit plus de fixité du<br />

contenu des normes proprement dit ; il s'agit de fixité <strong>et</strong> de certitude des<br />

procédures de détermination du contenu des énoncés juridiques.<br />

La description de la "solution unique" prend de ce fait une teinte<br />

particulière. En cherchant à exprimer des certitudes pour le futur, faisant de la<br />

"nécessaire prévisibilité" du droit un cheval de bataille, l'oeuvre doctrinale<br />

descriptive est assise sur des postulats probabilistes. Les raisonnements<br />

doctrinaux qui prétendent induire par l'observation des précédents ou déduire<br />

sous des principes généraux des solutions uniques <strong>et</strong> univoques, ne relèvent<br />

pas de la démonstration analytique. Les juristes ne pratiquent pas le syllogisme<br />

mais l'enthymème. Leur discours participe d'une rhétorique où ce qui est<br />

vraisemblable tient lieu de vérité (29) .<br />

Nous confronterons ce point de vue aux thèses de M. le professeur<br />

Dworkin qui constituent, selon nous, la version la plus aboutie du dogme de la<br />

solution unique (30) . Nous envisagerons ensuite le sort que le droit français <strong>et</strong><br />

ses commentateurs doctrinaux réservent aux cas difficiles <strong>et</strong> aux cas faciles.<br />

Entre ce qu'exprime l'argumentation doctrinale <strong>et</strong> ce qu'elle tait, nous<br />

proposerons un état des lieux doctrinaux pour montrer que la rhétorique de<br />

l'unité se change parfois en une sophistique dont l'obj<strong>et</strong> est de justifier a<br />

posteriori une solution plutôt que de convaincre de son bien-fondé. Nous nous<br />

interrogerons, pour terminer, sur la force du discours doctrinal. Capable de<br />

modifier l'état des questions, de l'enrichir ou de le restreindre, capable de<br />

déplacer les problèmes ou de clore des controverses, la doctrine ne dispose pas<br />

d'un pouvoir normatif ; son discours intègre pourtant les énoncés juridiques<br />

positifs <strong>et</strong> laisse son empreinte dans le contenu même des énoncés<br />

juridictionnels.<br />

Des analyses contextuelles sur l'usage des arguments <strong>et</strong> des concepts nous<br />

fourniront des éléments de réflexion sur la manière dont le discours doctrinal<br />

rend compte de la connaissance juridique. Le regard que nous porterons sur le<br />

discours doctrinal se fera à partir d'un point de vue externe, comme nous<br />

(29) ARISTOTE, Rhétorique, trad. M. Dufour, Paris, Gallimard, 1998, [1355 a] ; v. F. WOLFF, "Trois techniques<br />

de vérité dans la Grèce classique. Aristote <strong>et</strong> l'argumentation", Argumentation <strong>et</strong> Rhétorique, Hermès 15,<br />

CNRS, 1995, p.41.<br />

(30) R. DWORKIN, L'empire du droit, trad. par E. Soubrenie, Paris, PUF, recherches philosophiques, 1994 ; "La<br />

chaîne du droit", <strong>Droit</strong> <strong>et</strong> société, 1985, n°1, p.51 ; Prendre les droits au sérieux, trad. par M.-J. Rossignol <strong>et</strong><br />

F. Limare, préface de P. Bour<strong>et</strong>z, Paris, PUF, Léviathan, 1995 ; Une question de principe, trad. par<br />

A. Guillain, Paris, PUF, recherches philosophiques, 1996.<br />

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