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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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argumentative ? On est tenté de répondre que le juge aura une plus lourde<br />

charge pour justifier la solution qu'il donnera, <strong>et</strong> qu'il s'engagera, du coup,<br />

dans une recherche de la bonne réponse <strong>et</strong> de la bonne raison de décider. Cela<br />

perm<strong>et</strong>tra de réduire voire d'anéantir son pouvoir arbitraire, subjectif <strong>et</strong><br />

politique - si tant est qu'il le soit - pour le plus grand bien de tous. La<br />

motivation plus explicite serait "une garantie contre toute manifestation<br />

d'hérésie" sans être un frein au progrès collectif (861) . Au regard de la sécurité<br />

juridique, cela perm<strong>et</strong>trait de révéler si le juge a bien fait le tour du problème<br />

avant de prendre sa décision. C<strong>et</strong>te décision mieux expliquée, plus<br />

pédagogique <strong>et</strong> moins ésotérique, sera à même de convaincre les justiciables<br />

de la qualité de la solution adoptée <strong>et</strong> de la pertinence des principes qu'elle<br />

emploie.<br />

Pourtant, la difficulté intrinsèque du cas se double d'une discussion sur le<br />

contrôle que la Cour de cassation entend affirmer <strong>et</strong> exercer sur les pratiques<br />

des juridictions du fond. C'est là que l'on perçoit le mieux l'ambiguïté de la<br />

distinction cas facile / cas difficile positivement consacrée. Lorsque la Cour de<br />

cassation affirme son pouvoir de contrôle du trouble manifestement illicite<br />

par exemple (862) , elle se proclame seule gouverneur des règles de<br />

détermination de l'évidence juridique. L'arrêt d'assemblée plénière du 28 juin<br />

1996 a montré combien le cas facile pouvait devenir délicat <strong>et</strong> comment ce qui<br />

était évident pouvait contenir une “question de principe”; il illustre la manière<br />

dont la Cour de cassation dispose de son pouvoir normatif à travers<br />

l'habilitation qu'elle donne aux juridictions inférieures. Partant du lieu<br />

commun que le risque d'arbitraire doit être réduit au minimum, l'autonomie<br />

normative des juridictions inférieures est laissée à ce qui ne ressort que du<br />

fait (863) . L'existence du trouble est souverainement appréciée par les juges du<br />

fond ; son illicéité manifeste est, elle, du ressort de la Cour de cassation. Il faut<br />

comprendre que les mêmes questions se posent à chaque étage de la hiérarchie<br />

judiciaire, devant les juges du contentieux sérieux ou ceux des réponses<br />

rapides <strong>et</strong>, à tous ces niveaux, on peut observer que les questions liées à la<br />

distinction des cas faciles <strong>et</strong> des cas difficiles, (c'est-à-dire les questions de<br />

(861) A. TOUFFAIT <strong>et</strong> A. TUNC, "Pour une motivation plus explicite des décisions de justice notamment de<br />

celles de la Cour de cassation", RTD civ. 1974, p.508 ; contra, A. BRETON, "L'arrêt de la Cour de cassation",<br />

Ann. Faculté de droit de Toulouse 1975, XXIII, p.26.<br />

(862) Cass. ass. plén., 28 juin 1996, D. 1996, p.497, concl. WEBER, note COULON ; JCP 1996.II.22712, note<br />

MEMETEAU ; RTD civ. 1997, p.216, obs. NORMAND ; Procédures 1996, n°334, note PERROT ; Rev. dr. imm.<br />

1996, p.536, obs. critiques BERGEL.<br />

(863) M. BRUSCHI, "Dépossession manifestement illicite : le “ référé possessoire ” devant la Cour d'appel d'Aix-<br />

en-Provence", Bull. Aix 1997/1, p.131.

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