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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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solutions est amoindrie à tel point que personne ne peut savoir si une<br />

formulation apparemment satisfaisante ne sera pas écartée pour des<br />

considérations extérieures, ou si une formulation manifestement insuffisante<br />

aujourd'hui ne sera pas jugée bonne demain. L'arbitraire <strong>et</strong> le hasard ont<br />

remplacé la cohérence (637) ". Pour MM. les professeurs Cabrillac <strong>et</strong> Mouly, qui<br />

regr<strong>et</strong>tent c<strong>et</strong>te évolution des mentalités, les incertitudes de la jurisprudence<br />

sont nées de ces tentations formalistes, qui voient dans l'alourdissement de la<br />

mention manuscrite la meilleure protection du consommateur-caution (638) .<br />

Ainsi, quoique l'on adm<strong>et</strong>te avec M. Pescatore qu'"assurer la sécurité juridique<br />

est la raison d’être du formalisme (639) " ou encore que la solennité se conjugue<br />

toujours avec la certitude, les difficultés surgissent néanmoins. En fait, si<br />

l'efficacité d'une solution ou d'une formule passe par la forme qu'elles<br />

revêtent, les questions <strong>et</strong> les controverses nées du contenu apparaîtront<br />

comme des imperfections de la forme <strong>et</strong> l'on réclamera toujours plus de<br />

formalisme jusqu'à ce que la forme aboutie de rigidité s'efface au profit d'un<br />

système différent, plus souple <strong>et</strong> prétendument plus sûr (640) , ou encore plus<br />

juste <strong>et</strong> mieux adapté, comme par exemple une fiction (641) .<br />

113. Efficacité de la fiction - Selon Perelman, "le recours à la fiction manifeste<br />

la révolte du juge devant une règle inique (...) quand le texte qu'il doit<br />

appliquer ne lui laisse aucun pouvoir d'appréciation, (…) pour échapper aux<br />

conséquences de la règle qu'il juge inacceptables (642) ". La fiction perm<strong>et</strong>trait<br />

d'échapper à la solution qui paraît s'imposer pour justifier la solution juste ou<br />

acceptable. Pourtant on lit par ailleurs que "lorsque l'impératif de sécurité<br />

prime celui de la justice, les fictions pourront alors assurer c<strong>et</strong>te sécurité (643) ".<br />

On considère également que la fiction légale perm<strong>et</strong> de mieux assurer le<br />

respect d'une règle d'ordre public. C'est pourquoi, pour éradiquer les clauses<br />

(637) M. CABRILLAC <strong>et</strong> C. MOULY, <strong>Droit</strong> des sûr<strong>et</strong>és, 2ème, 1993, précité, n°104, p.85.<br />

(638) M. CABRILLAC <strong>et</strong> C. MOULY, <strong>Droit</strong> des sûr<strong>et</strong>és, 2ème, 1993, précité, n°111, p.96.<br />

(639) P. PESCATORE, Introduction à la science du droit, précité, p.209.<br />

(640) Comp. J. FLOUR, "Quelques remarques sur l'évolution du formalisme", in Le droit privé français au milieu<br />

du XXème siècle, Études offertes à Georges Ripert, Paris, LGDJ, 1950, tome 1, p.93 s.<br />

(641) Ch. PERELMAN, Éthique <strong>et</strong> droit, Éditions de l'université de Bruxelles, 1990, p.628. L'auteur utilise<br />

l'exemple de la fiction qui, pour éviter de condamner les auteurs de vol d'une valeur de 40 shillings à la peine<br />

de mort, conduisit les juges anglais au début du XIXème siècle à considérer que 10 livres ne valaient que 39<br />

shillings.<br />

(642) Ch. PERELMAN, Les notions à contenu variable, Bruxelles, Bruylant, 1984, p.364-365.<br />

(643) A.-M. LEROYER, Les fictions juridiques, <strong>Thèse</strong> Paris II, 1995, p.321, n°276 ; G. WICKER, Les fictions<br />

juridiques, contribution à l'analyse de l'acte juridique, préface de J. Amiel-Donat, Paris, LGDJ, 1997, n°3.3.,<br />

p.13.

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