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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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simplement parce qu'il y aurait plus d'avantages à y croire qu'à ne pas y<br />

croire (761) .<br />

Sous l'interprétation, le juge a donc un premier choix à faire, celui de la<br />

théorie qui va lui perm<strong>et</strong>tre d'étalonner les solutions qui lui seront<br />

proposées (762) . Ce premier choix, s'il est conscient <strong>et</strong> éclairé, est un choix<br />

philosophique ; il doit choisir, parmi les théories de la justice, celle qui<br />

positivement serait le mieux à même d'expliquer <strong>et</strong> de fonder l'ordre social<br />

dans lequel il évolue. Un tel débat peut-il fournir une réponse autre que<br />

politique ? Que l'on adhère à une théorie métaphysique ou politique de la<br />

justice, ce choix est nécessairement le résultat d'une argumentation<br />

philosophique, politique ou le cas échéant d'un réflexe communautaire ou<br />

idéologique. Dworkin semble pourtant aller plus loin. Les théories de la justice<br />

seraient produites par l'observation du système juridique lui-même, de sorte<br />

que l'on devrait considérer que toute raison politique de décider est en réalité<br />

une raison juridique, <strong>et</strong> que les raisons pratiques pures sont également<br />

fournies par le système. Le système juridique serait ainsi producteur des<br />

arguments juridiques - d'autorité ou substantiels pour reprendre la distinction<br />

du professeur MacCormick (763) -, des raisons juridiques de décider <strong>et</strong> de la<br />

solution posée. Au demeurant, Dworkin considère qu'une théorie est<br />

nécessairement dominante ou positivement admissible, parce que les juristes<br />

sont en général d'accord pour affirmer qu'une théorie est meilleure qu'une<br />

autre (764) . La théorie dominante serait-elle celle qui rassemble le plus de<br />

suffrages, serait-ce c<strong>et</strong>te théorie des droits qui perm<strong>et</strong>trait d'étalonner les<br />

solutions proposées <strong>et</strong> de déterminer leur valeur de vérité ? Outre le fait que le<br />

discours théorique sur le fondement des solutions ne se résume pas à un débat<br />

philosophique éclairé en toile de fond du débat judiciaire, il paraît difficile<br />

d'évincer l'aspect confus que produit la superposition des théories au fil du<br />

(761) comp. G. DEL VECCHIO, "Essai sur les principes généraux du <strong>Droit</strong>", Rev. crit. légis <strong>et</strong> jur. 1925, p.153 :<br />

"Aucun argument ne saurait mieux montrer la nature éminemment pratique du droit <strong>et</strong> son adaptation pleine <strong>et</strong><br />

parfaite que celui-ci : il ne peut exister aucun conflit entre les hommes, aucune discussion, même compliquée<br />

<strong>et</strong> imprévue, qui n'implique ou même n'exige, une solution juridique ferme <strong>et</strong> assurée. Les questions douteuses<br />

<strong>et</strong> incertaines, peuvent subsister longtemps dans le domaine théorique : toutes les branches du droit du savoir<br />

humain, <strong>et</strong> la science du droit elle-même considérée comme une science théorique, offrent l'exemple de<br />

problèmes discutés pendant des siècles <strong>et</strong> restés jusqu'ici sans solution, peut-être parce qu'ils sont insolubles.<br />

Mais à la demande : quid juris ? quelle est la limite de mon droit <strong>et</strong> de celui d'autrui ? on doit, en chaque cas<br />

d'espèce, pouvoir donner une réponse, qui certes ne sera pas infaillible, mais qui sera pratiquement définitive".<br />

(762) rappr. R. SHUSTERMAN, Sous l'interprétation, trad. J.-P. Com<strong>et</strong>ti, Combas, L'éclat, p.20-21, p.37-38.<br />

(763) N. MACCORMICK, Raisonnement juridique <strong>et</strong> théorie du droit, repris dans "Les contraintes<br />

argumentatives dans l'argumentation juridique 1 : Argumentation <strong>et</strong> interprétation en droit" in P. AMSELEK<br />

(dir.) Interprétation <strong>et</strong> droit, Bruxelles, Bruylant, Aix-en-Provence, PUAM, 1995, p.213.<br />

(764) R. DWORKIN, Une question de principe, précité, p.181.

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