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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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interprétatifs, mais comme le remarque M. le doyen Cornu, "ils appartiennent<br />

à la rhétorique (1001) ". Ils sont contradictoires parce qu'ils ont vocation à<br />

s'appliquer a priori à toutes les situations : là où la loi ne distingue pas, nous ne<br />

distinguerons pas ; mais si la raison d'être du texte nous invite à le faire, la<br />

distinction sera-t-elle pertinente ? Cessante ratione legis, cessat ejus dispositio.<br />

Leur généralité impose son autorité jusqu'à ce qu'en sens contraire, il soit<br />

soutenu que toute généralité est inacceptable <strong>et</strong> qu'il faut raisonner<br />

empiriquement. Globalement, la force <strong>et</strong> la primauté de l'adage résultent de<br />

l'idée que la solution qu'il exprime découle d'un long processus de maturation<br />

qui a permis par contraction de ramasser dans une formule elliptique une<br />

permanence juridique. L'utilité rhétorique de la formule <strong>et</strong> plus encore celle<br />

de l'adage interprétatif, est de ne rien dévoiler des raisons de son application<br />

au motif prétendu que sa raison d'être est connue de tous. Les adages forment<br />

ainsi un corpus dogmatique qui ne prive en rien les principes contraires de<br />

pertinence mais qui oblige le partisan de la thèse adverse à faire la<br />

démonstration que sa solution mérite de s'imposer par dérogation. Au fond<br />

l'adage est une formule magique, un visa mystérieux, auquel on adhère par<br />

commodité ou par conviction mais qui laisse toujours dans l'ombre une part<br />

de non-dit.<br />

Remarquons tout d'abord avec E.-H. Perreau que "la valeur des vieux<br />

adages est extrêmement variable (1002) ". Mais soit qu'ils nous viennent d'une<br />

tradition ancestrale, soit qu'ils nous viennent d'une pratique discutable, ils<br />

persistent <strong>et</strong> demeurent les Majeures d'implacables syllogismes judiciaires. Ils<br />

guident l'interprète qui déterminera avec leur aide la validité (prétendument<br />

logique) d'une interprétation. Souvent présentée comme une garantie contre<br />

l'arbitraire, la longévité de ces maximes du droit serait même le témoin de<br />

leur qualité à résister à l'épreuve des faits, mais tous n'éclairent pas également<br />

l'interprète. "Ceux qui sont formés d'un texte ou d'un tronçon de texte latin<br />

ont une portée sérieuse, leur idée fondamentale ayant été dégagée par de<br />

véritables jurisconsultes. La plupart des autres, introduits par de simples<br />

praticiens, énoncent des principes d'une exactitude approximative <strong>et</strong> même<br />

souvent fautifs qui, pris au pied de la l<strong>et</strong>tre, conduiraient à d'inadmissibles<br />

exagérations (1003) ". Selon Perreau, il y aurait donc deux sortes d'adage : les<br />

(1001)<br />

G. CORNU, <strong>Droit</strong> civil, Introduction, les personnes, les biens, 8ème éd., 1997, précité, n°408, p.137.<br />

(1002)<br />

E.-H. PERREAU, Technique de la jurisprudence en droit privé, tome 1er, précité, p.150 ; adde G. CORNU,<br />

Linguistique juridique, précité, p.369.<br />

(1003)<br />

E.-H. PERREAU, Technique de la jurisprudence en droit privé, tome 1er, précité, p.150-151.

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