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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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252<br />

Pour repousser l'idée que la nature du logement familial s'opposerait, le cas<br />

échéant, à ce que les créanciers de l'époux propriétaire puissent faire inscrire<br />

une hypothèque judiciaire sur le bien ou en demander le partage, s'il est<br />

indivis, par voie oblique, la jurisprudence considère que "l'article 215 alinéa 3<br />

du Code civil a pour seule finalité de protéger l'un des époux contre<br />

l'aliénation du logement constituant le domicile conjugal à l'initiative de<br />

l'autre époux <strong>et</strong> [que] ses dispositions ne sauraient être étendues jusqu'à<br />

frapper le bien d'une insaisissabilité opposable aux créanciers alors qu'elle<br />

n'est pas prévue par la loi (900) ". La bonne solution, celle qui est exacte selon la<br />

doctrine, est donc celle qui n'érige pas des prescriptions contraires à la loi (901) .<br />

L'édification de la règle sur le fondement du standard légaliste des<br />

insaisissabilités contraires à la loi a pour eff<strong>et</strong> de condamner tous les<br />

raisonnements qui tiendraient à la nature ou à l'utilité d'une protection<br />

particulière attachée au bien. Le cas est tranché, la controverse est close, mais<br />

l'utilisation de c<strong>et</strong>te motivation n'est que rhétorique (902) .<br />

Si la motivation des arrêts répétée devient un leitmotiv abstrait, la<br />

discussion sur la règle fait naître les conditions d'un déplacement du problème<br />

à travers une interprétation de l'énoncé juridictionnel. Il semblerait que la<br />

stabilité des solutions ne soit pas celle des questions. Loin de maintenir la<br />

question sous l'éteignoir de la controverse, le cas facile serait donc l'occasion<br />

de démontrer la stabilité de sa solution. L'évidence ne supporte pas le débat<br />

mais les formules magiques des arrêts brévissimes, les standards qui règlent les<br />

affaires simples, sont l'expression d'un pouvoir de classement entre ce qui est<br />

certain <strong>et</strong> ce qui ne l'est pas encore ou pas assez. En réalité, pour reprendre les<br />

mots de M. le professeur Rials, il faut "prêter attention à ces p<strong>et</strong>its mots trop<br />

évidents, trop discr<strong>et</strong>s, pour être vraiment honnêtes (903) ". Et M. le doyen<br />

Carbonnier remarquait justement que la jurisprudence contemporaine<br />

pratiquait, du point de vue méthodologique, un éclectisme tactique (904) . C<strong>et</strong>te<br />

diversité des méthodes d'interprétation <strong>et</strong> la diversité des méthodologies de<br />

(900)<br />

Paris, 8 décembre 1995, JCP 1996.I.3962, n°2 ; Aix, 22 octobre 1997, n°533, Bull. Aix, 1997/2, somm.<br />

n°4, p.249.<br />

(901)<br />

G. CHAMPENOIS, obs. sous Cass. civ. 1ère, 3 décembre 1991, Defrénois 1992, p.399-400 approuvant la<br />

décision qui adm<strong>et</strong>, hors cas de fraude, la possibilité pour les créanciers des époux de provoquer le partage de<br />

l'immeuble indivis, logement familial, faisant application de l'article 815-17 al. 3 du Code civil là où l'article<br />

215 al. 3 protège pourtant le logement de la famille. La solution inverse, par laquelle la protection du<br />

logement familial serait opposable au créancier frapperait le bien d'une insaississabilité contraire à la loi.<br />

(902)<br />

S. RIALS, "Les standards, notions critiques du droit", in Ch. PERELMAN (dir.), Les notions à contenu<br />

variable, Bruxelles, Bruylant, 1984, p.51.<br />

(903)<br />

S. RIALS, "Les standards, notions critiques du droit", précité, p.53.<br />

(904)<br />

J. CARBONNIER, <strong>Droit</strong> civil, Introduction, tome 1er, 11ème éd., 1977, n°39, p.179.

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