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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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gouverne les Hommes perm<strong>et</strong> d’accéder dans le raisonnement juridique à la<br />

solution juste. Sans doute, au XXème siècle, a-t-on fait évoluer les conceptions<br />

d’une nature des choses figée de toute éternité pour attribuer au droit naturel<br />

un contenu variable mieux à même de répondre aux exigences pratiques ; mais<br />

quelles que soient les nuances de la perspective jusnaturaliste que l’on adopte,<br />

c’est la raison naturelle qui déterminera la valeur de la norme positive <strong>et</strong> non<br />

l'inverse.<br />

Or l'indétermination relative du droit naturel contraint le juriste à une<br />

interprétation casuistique <strong>et</strong> empirique au sens aristotélicien. Ex facto jus<br />

oritur. La nature juridique d'une obligation se détermine à son examen<br />

empirique. Si l'expérience perm<strong>et</strong> d'induire une raison générale pour poser<br />

une règle abstraite de qualification, c<strong>et</strong>te raison agissant a priori réserve<br />

néanmoins sa part d'indétermination pour le cas où la juste mesure s'établirait<br />

de manière insolite. Les auteurs qui affichent clairement leurs convictions<br />

philosophiques jusnaturalistes décrivent le droit positif <strong>et</strong> le critiquent au<br />

moyen des théories de la justice qu'ils ont adoptées. Leur point commun est<br />

que les textes positifs, même lorsqu'ils sont jugés conformes au droit naturel,<br />

sont nécessairement des approximations linguistiques d'obj<strong>et</strong>s conceptuels<br />

existants voire prédestinés. Pour leur découverte, il s'agira de procéder par<br />

une argumentation pro <strong>et</strong> contra, <strong>et</strong> "par là même dépasser la stricte<br />

neutralité (969) ".<br />

Dans c<strong>et</strong>te perspective, la nature des choses, dans son acception abstraite,<br />

est le creus<strong>et</strong> d'une dialogique pro / contra qui, lors du jugement rendu par<br />

l'autorité, habilitée à énoncer la norme particulière, fera surgir la juste<br />

solution d'espèce. La doctrine, elle, se contente d'étayer c<strong>et</strong>te dialogique, mais<br />

cela ne la prive pas de son pouvoir prescriptif, au contraire, puisqu'elle trace<br />

des orientations méthodologiques, conceptuelles <strong>et</strong> philosophiques qui vont<br />

guider la recherche du juste.<br />

La difficulté se noue dans les hypothèses très nombreuses où le discours<br />

doctrinal emprunte les pas d'un raisonnement naturaliste pour ses vertus<br />

persuasives sans toutefois adhérer au fonds philosophique qu'il embrasse.<br />

Lorsque la doctrine utilise l’argument naturaliste sans révéler explicitement la<br />

perspective philosophique dans laquelle elle se situe, soit parce qu’elle tait ses<br />

présupposés théoriques, soit parce qu’elle les ignore ou feint de les ignorer, la<br />

nature des choses devient le contenant d’un message prescriptif qui s’appuie<br />

(969) A. SERIAUX, "La notion de doctrine", <strong>Droit</strong>s-20, p.68.

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