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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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<strong>et</strong>, dans les cas difficiles, leur travail consiste à prendre la mesure d'une<br />

évolution ; on aurait tendance à penser qu'il s'agirait même d'une<br />

prédestination. L'habil<strong>et</strong>é de Dworkin consiste à déplacer les questions dans le<br />

champ des théories politiques de la justice. Il écrit : "Pour me prouver que j'ai<br />

tort, il faudra donc recourir à des raisonnements de type philosophique ; il<br />

faudra s'attaquer au présupposé qui est le mien : à savoir que dans un système<br />

juridique complexe <strong>et</strong> compl<strong>et</strong>, il est a priori improbable que deux théories<br />

diffèrent au point d'exiger des réponses différentes pour un certain cas <strong>et</strong><br />

offrir un degré de convenance acceptable avec les textes juridiques relatifs à ce<br />

cas. La démonstration de mon adversaire devra offrir une certaine forme de<br />

scepticisme, ou l'idée d'un certain degré d'indétermination dans la doctrine<br />

morale, pour supposer qu'aucune de ces théories n'est préférable à une autre<br />

en termes de morale politique (758) ". L'argument renverse d'une certaine<br />

manière la charge de la preuve philosophique de l'unité en proposant aux<br />

sceptiques de démontrer qu'il y a des réponses ; puis, partant de l'idée que la<br />

prétendue pluralité des réponses naît de la diversité des théories politiques,<br />

Dworkin condamne le scepticisme en tant que théorie politique.<br />

En résumé, l'argument de Dworkin est le suivant. Les théories qui<br />

adm<strong>et</strong>tent l'existence de plusieurs bonnes réponses possibles sont incapables<br />

de démontrer que lesdites réponses ont la même valeur politique ou<br />

morale (759) . S'il n'y a pas égalité, c'est qu'il y a une solution qui est forcément<br />

meilleure qu'une autre. Le juge va donc devoir choisir, parmi les théories<br />

politiques ou morales présentes, celle qui lui perm<strong>et</strong>tra d'assurer la continuité<br />

de l'ordre juridique. Le scepticisme, <strong>et</strong> tous ses avatars du pluralisme moral,<br />

étant eux-mêmes vecteurs d'une philosophie politique <strong>et</strong> participant donc à ce<br />

choix, Dworkin s'interroge : que perdrions-nous en abandonnant le<br />

scepticisme ? (760) . Autrement dit, sauf à concevoir une théorie capable<br />

d'expliquer que des solutions possibles auraient une valeur politique ou<br />

morale égale, il n'y a pas lieu de croire qu'il n'y a pas qu'une réponse possible.<br />

Dworkin nous invite donc à croire par défaut au dogme de la solution unique,<br />

(758) R. DWORKIN, Une question de principe, précité, p.183 ; contre le scepticisme, ibid., p.220.<br />

(759) R. DWORKIN, "Les contraintes argumentatives dans l'argumentation juridique 2 : Y a-t-il une bonne<br />

réponse en matière d'interprétation juridique?" in P. AMSELEK (dir.) Interprétation <strong>et</strong> droit, Bruxelles,<br />

Bruylant, Aix-en-Provence, PUAM, 1995, p.227.<br />

(760) R. DWORKIN, Une question de principe, précité, p.222.

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