27.05.2013 Views

Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

244<br />

de l'assemblée plénière de la Cour de cassation n'y parviennent pas. La raison<br />

en est que ce ne sont pas les arrêts qui peuvent clore les controverses mais les<br />

jugements doctrinaux portés sur ces arrêts. La solution choisie par l'interprète<br />

authentique n'a de véritable portée que celle que lui accordera l'interprète<br />

non-authentique.<br />

Le traitement du cas difficile est donc tout à la fois une oeuvre prétorienne<br />

en ce que la solution sera posée, <strong>et</strong> également une oeuvre doctrinale en ce que<br />

la solution posée sera rationalisée <strong>et</strong> interprétée par rapport à un ensemble de<br />

questions connexes. La question sera alors réglée, <strong>et</strong> le cas rangé parmi les<br />

affaires simples, s'il ne mérite pas que soient à nouveau exposées <strong>et</strong> débattues<br />

les raisons qui lui avaient fait gagner le statut de solution acquise. Les<br />

discussions menées au-delà de l'arrêt par les différentes voix doctrinales seront<br />

un discours qui donnera à la norme prétorienne sa portée. Cela explique que<br />

les représentations de la jurisprudence soient si contrastées. La Cour de<br />

cassation paraît poser des solutions comme le ferait un législateur mais ces<br />

solutions ne réalisent leur vocation générale qu'au tamis d'un discours second.<br />

Une fois les questions tranchées par l'interprète authentique, de manière<br />

rétrospective, le discours doctrinal donne une consistance au passé <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te<br />

oeuvre de rationalisation institue les guides des raisonnements futurs. Tout<br />

simplement, la doctrine érige en contraintes interprétatives les raisons<br />

d'autorités qu'elle a définies. La lutte pour la doctrine est donc la lutte pour la<br />

conquête de ce discours censé n'être que descriptif mais qui va en réalité<br />

étendre ou contrarier la portée des règles positives.<br />

Comment savoir si le cas facile est réglé ou le cas difficile résolu ?<br />

Comment savoir si la signification d'une norme choisie récemment par<br />

l'interprète authentique est toujours d'actualité ? Comment savoir si une<br />

décision insolite <strong>et</strong> isolée n'augure pas un revirement ? C<strong>et</strong>te activité de<br />

rationalisation <strong>et</strong> celle de prédiction qui l'accompagne sont le trait<br />

caractéristique de l'oeuvre doctrinale non authentique.<br />

Section 2<br />

L'interprétation par voie d'argument<br />

157. La "rampe" - Si selon M. Touffait, peu d'auteurs seraient susceptibles de<br />

franchir la rampe de la Cour de cassation (873) , il y a de quoi s'étonner. Les<br />

(873) A. TOUFFAIT , "Conclusion d'un praticien", précité, p.484.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!