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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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209<br />

le système juridique dans son entier produit des arguments juridiques qui<br />

servent à la détermination des solutions juridiques. Comme le souligne M. le<br />

professeur Stamatis, "la maxime méthodologique décisive est [pour Dworkin]<br />

l'argumentation adéquate sur les principes qui justifient les régulations<br />

applicables, <strong>et</strong> non pas la recherche historique en tant que telle (751) ". Mais la<br />

cohérence postulée, nécessaire d'un point de vue pratique pur, est elle-même<br />

assurée par ces rétrospections. C<strong>et</strong>te construction a la vertu d'illustrer une<br />

thèse de l'unité du droit dont l'ambition est de tordre le cou aux conceptions<br />

sceptiques qui noient le droit dans une diversité contradictoire <strong>et</strong> qui<br />

présentent son unité comme un mythe. "Le “mythe” selon lequel il existe une<br />

bonne réponse dans un cas difficile, est à la fois rebelle <strong>et</strong> bien portant. Sa<br />

ténacité <strong>et</strong> sa prospérité tendraient à prouver qu'il ne s'agit pas d'un<br />

mythe (752) ".<br />

Ainsi, selon Dworkin, une assemblée de juristes [des juges d'une Cour<br />

suprême par exemple] qui auraient une connaissance <strong>et</strong> une expérience<br />

suffisantes de la pratique judiciaire, pourraient raisonnablement déterminer la<br />

bonne réponse à une question controversée sans que c<strong>et</strong>te réponse soit le fruit<br />

d'un quelconque arbitraire politique. Dans c<strong>et</strong>te mesure, c'est la vérité ou<br />

l'objectivité de la décision qui pourrait être appréciée. "Une proposition de<br />

droit peut être présentée comme vraie si elle est plus cohérente avec la théorie<br />

du droit qui justifie le mieux le droit établi que ne l'est la proposition opposée.<br />

Elle peut être invalidée comme fausse si elle est moins compatible avec c<strong>et</strong>te<br />

théorie du droit que la proposition contraire (753) ".<br />

Reste tout de même à identifier la théorie du droit qui sert de référentiel.<br />

Pour vérifier son théorème, Dworkin fait appel à un philosophe affirmant que<br />

les juristes "ont tort de penser que dans les cas difficiles une proposition de<br />

droit peut être vraie <strong>et</strong> par conséquent la proposition contraire fausse. Il peut<br />

[ajoute le philosophe] y avoir un certain intérêt politique à propager le mythe<br />

selon lequel il existe une bonne réponse <strong>et</strong> selon lequel par conséquent ils<br />

n'ont aucun pouvoir discrétionnaire dans les solutions des cas difficiles. Mais<br />

les juges doivent reconnaître, du moins entre eux, que c<strong>et</strong>te idée n'est en<br />

(751)<br />

C. STAMATIS, Argumenter en droit, précité, p.204, note 51 ; R. DWORKIN, Une question de principe, trad.<br />

par A. Guillain, Paris, PUF, 1996, p.186.<br />

(752)<br />

R. DWORKIN, Prendre les droits au sérieux, trad. par M.-J. Rossignol <strong>et</strong> F. Limare, préface de P. Bour<strong>et</strong>z,<br />

Paris, PUF, 1995, p.411 ; adde F. MICHAUT, "La bonne réponse n'est-elle qu'une illusion ? Autour de<br />

Dworkin", <strong>Droit</strong>s-09, 1989, p.69 ; B. HOFFMASTER, "Understanding judicial discr<strong>et</strong>ion", Law and Philosophy<br />

1, 1982 p.21-55.<br />

(753)<br />

R. DWORKIN, Prendre les droits au sérieux, précité, p.402.

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