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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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L'idée traditionnelle toujours présente est que, par nature, l’interprétation<br />

judiciaire peut susciter "un grand danger". L'interprétation par voie d'autorité<br />

garantissait, par le référé, une remise en ordre législative de la jurisprudence.<br />

Son abandon, considéré comme une demi-mesure insuffisante, ne subroge pas<br />

la Cour de cassation dans les fonctions d'interprète normatif ; l'article 5 du<br />

Code civil reste une contrainte théorique efficace, <strong>et</strong> la pratique prétorienne<br />

de la Cour de cassation est encore jeune. Selon Marcadé, la Cour de cassation<br />

n’a pas, par essence, une fonction normative parce que ses décisions "ne<br />

terminent point le débat, elles ne vident point la contestation". La Haute<br />

juridiction serait plutôt une émanation du pouvoir exécutif. Originellement,<br />

elle ne fait d'ailleurs pas partie de l’ordre judiciaire, "elle n’est pas une<br />

assemblée de juges; c’est une commission d’interprétation <strong>et</strong> de conservation<br />

des lois (171) ".<br />

La loi de 1837 est donc mal ressentie par une partie de la doctrine pour avoir<br />

modifié l'ordre juridique jusqu'à dénaturer les attributions de la Cour, en lui<br />

transférant une partie des prérogatives de l'interprète législatif (172) . Mais le<br />

transfert n'est qu'imparfait, les jugements même solennels ne s'imposent<br />

jamais comme une loi. L'intervention de la Cour de cassation, outre qu'elle est<br />

peu fiable, est toujours trop tardive. "Un arrêt en chambres réunies<br />

n’intervient jamais qu’après bien des années depuis la promulgation du texte<br />

faisant difficulté. C’est ainsi que, sur la fameuse question de révocation des<br />

donations par la séparation de corps, un arrêt solennel de la Cour suprême n’a<br />

été rendu qu’en 1845, c’est-à-dire quarante <strong>et</strong> un ans après la publication du<br />

Code! Bien d’autres questions non moins graves attendent encore pareil arrêt !<br />

Or c<strong>et</strong> arrêt, si longtemps attendu, donnera-t-il enfin la certitude du sens dans<br />

lequel la loi doit être entendue ! Non, puisque la Cour suprême elle-même<br />

peut juger différemment un peu plus tard, <strong>et</strong> il suffira du changement de<br />

quelques uns de ses membres pour amener ce résultat. Les citoyens sont donc<br />

dans l’impossibilité d’avoir jamais, <strong>et</strong> sur aucun point que ce soit le sens<br />

certain de règles qui sont pourtant à la base de leurs conventions de chaque<br />

jour! Si au contraire la loi de 1837 avait déclaré légaliser à l’avance toutes les<br />

interprétations qui seraient données par les arrêts solennels de la Cour<br />

suprême, chacun de ces arrêts eût été un pas fait vers l’unité fixe de la<br />

(171) V. N. MARCADE, Explication théorique <strong>et</strong> pratique du Code civil, tome 1, précité, p.74.<br />

(172) Duranton pense ainsi que la loi de 1837 sonne la fin de l'interprétation de la loi par voie d'autorité,<br />

MARCADE pense de même <strong>et</strong> s'interroge sur la situation nouvelle, DEMOLOMBE est plus nuancé, Cours de<br />

Code Napoléon, tome I, Traité de la publication des eff<strong>et</strong>s <strong>et</strong> de l'application des lois en général, précité,<br />

p.139, <strong>et</strong> approuve finalement la réforme.<br />

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