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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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de la France unitaire conjuguent à leur manière leur pouvoir normatif <strong>et</strong> leur<br />

faculté de convaincre. Le discours descriptif se veut explicatif en mesurant la<br />

conformité des énoncés juridiques à une représentation théorique de l'ordre<br />

juridique.<br />

Décrire "l'unité de l'ordre juridique" <strong>et</strong> la cohérence du contenu des<br />

normes - règles <strong>et</strong> principes -, suppose replacer chacune de ses manifestations<br />

dans un système explicatif de c<strong>et</strong>te unité. Pour mieux comprendre les usages<br />

par la doctrine française des concepts d'unité ou d'unicité des solutions, nous<br />

établirons un parallèle entre les thèses développées par M. le professeur<br />

Dworkin <strong>et</strong> la manière dont la doctrine m<strong>et</strong> au jour la cohérence du système<br />

juridique.<br />

Précisons néanmoins que Dworkin place le juge au centre de ses travaux<br />

alors que nous n'envisageons que la doctrine. Nous ne voyons pas cependant<br />

d'inconvénient majeur à mener c<strong>et</strong>te comparaison dans la mesure où nous<br />

nous intéressons au discours explicatif sur la norme juridictionnelle ou légale<br />

<strong>et</strong> non à la norme elle-même. Le fait que dans les systèmes anglo-américains il<br />

appartienne au juge lui-même de produire un tel discours de motivation <strong>et</strong><br />

d'explication tient aux particularités de l'évolution sociologique des groupes<br />

composant les interprètes du droit (743) : en l'absence d'une doctrine<br />

institutionnellement distincte de la magistrature, les juges de common law<br />

produisent, à la fois mais distinctement, des interprétations authentiques <strong>et</strong><br />

non-authentiques.<br />

Nous poursuivrons ce parallèle en nous interrogeant sur la manière dont<br />

les interprètes conçoivent la distinction, présente chez Dworkin, entre les cas<br />

faciles tranchés par des règles <strong>et</strong> les cas difficiles soulevant des questions de<br />

principe, distinction, qui, en droit positif, est consacrée par le Code de<br />

l'organisation judiciaire relativement au tri des pourvois parvenant devant les<br />

chambres de la Cour de cassation.<br />

Nous discuterons parmi les théories de la conformité <strong>et</strong> de l'unité, celle qui,<br />

selon nous, correspond le mieux aux pratiques discursives des juristes. Mais<br />

nous ferons apparaître que lorsque chaque interprète juge la conformité des<br />

solutions proposées à l'unité postulée, le jugement qu'il porte, qu'il soit<br />

approbatif ou non, est l'expression d'un désir de changement ou de stabilité <strong>et</strong>,<br />

qu'en réalité, ce sont des prescriptions que l'interprète formule.<br />

L'examen des descriptions doctrinales comportera donc deux chapitres :<br />

(743) Voir V. CROMBEZ, La doctrine en droit français <strong>et</strong> en common law (étude comparative), précité, p.27 s.

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