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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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sont grands pour créer <strong>et</strong> orienter un débat, elle ne paraît pas en mesure de le<br />

figer par la fixation d'une solution. Le discours doctrinal peut-il donc modifier<br />

les solutions positives ? Difficile de ne pas voir là autre chose qu'une question<br />

à réponses multiples. D'une part, fournissant des opinions, des propositions <strong>et</strong><br />

des explications, le discours doctrinal modifie (ou altère, ou érode) les modes<br />

de compréhension des rapports entre la réalité observée <strong>et</strong> les éléments<br />

intellectuels positivement destinés à la constater. La doctrine modifie le<br />

rapport entre factualité <strong>et</strong> validité en l'utilisant. Mais cela ne fait pas pour<br />

autant de la théorie du droit ou du discours doctrinal une source du droit<br />

positif (1137) .<br />

La doctrine n'est pas une source du droit mais nombreux sont les domaines<br />

où l'on ne peut se passer d'elle en tant que source documentaire. Et puis, dire<br />

que "la doctrine n'est pas capable de modifier le droit positif" suppose que l'on<br />

puisse expliquer pourquoi une prophétie doctrinale s'est néanmoins<br />

réalisée (1138) . Dire que "la doctrine fait le droit positif" suppose que l'on puisse<br />

expliquer pourquoi une autre prédiction a été oubliée. Ces deux conjectures<br />

sont situées sur des perspectives différentes. D'un point de vue positiviste, il<br />

n'y a pas de pensée juridique. D'un point de vue jusnaturaliste, la doctrine est<br />

la source même du droit. En termes de "sources", le statut de la doctrine est<br />

nécessairement ambigu, chaque perspective ne prêtant pas la même<br />

signification à "source du droit".<br />

Cependant, les théories deviennent réalités ; les théories défont les<br />

hypostases ; les hypostases passées intègrent l'histoire des idées. C'est bien le<br />

problème de l'histoire du droit privé. Sur deux siècles, il apparaît clairement<br />

un partage d'influence sur la formation de la pensée juridique entre les<br />

universitaires, la pratique notariale, les magistrats <strong>et</strong> les praticiens du Palais.<br />

Mais que l'influence des auteurs sur le droit prétorien ait existé, ne perm<strong>et</strong> pas<br />

d'en connaître la teneur. L'influence de la doctrine se révèle à plusieurs<br />

moments de la formation des règles de droit. Premièrement, par un discours<br />

qui ne réduit pas le droit à la loi, ni même aux règles positives, la doctrine<br />

utilise la nature des choses cumulativement à des postulats positivistes.<br />

Deuxièmement, par un discours politique, la doctrine, revêtue d'une robe aux<br />

hermines de neutralité, délivre des commandements scientifiques, soit en<br />

réclamant l'intervention du législateur comme s'il s'agissait d'un<br />

(1137) v. M. VAN DE KERCHOVE, "L'influence de Kelsen sur les théories du droit dans l'Europe francophone", in<br />

KELSEN, Théorie pure du droit, 1ère éd., 1953, rééd. 1988, précité, p.225.<br />

(1138) J. GHESTIN, "La prophétie réalisée", JCP 1976.I.2786.

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