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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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la seule idée que les auteurs, même de façon indéterminée, produisent un<br />

discours destiné à peser sur l'orientation de l'évolution du droit. Vers une<br />

société plus juste, plus libérale, plus démocratique, peu importe la<br />

qualification du but puisque le progrès du droit est un concept à l'image des<br />

théories juridiques : non finalisé. La détermination de la progression du droit<br />

dans le temps ne se fait qu'en considération du chemin déjà parcouru : elle<br />

n'est jamais que rétrospective. Pour progresser axiologiquement, c'est-à-dire<br />

pour s'améliorer, encore faut-il que le droit se transforme en tant qu'obj<strong>et</strong><br />

d'étude <strong>et</strong> en tant que savoir. Or l'évolution passée a créé des contraintes à<br />

c<strong>et</strong>te progression qui aujourd'hui sont positives. Quand bien même on aurait<br />

la conviction que la solution unique n'est qu'une illusion, qu'un arrêt<br />

d'assemblée plénière peut être une décision de circonstances, l'analyse<br />

technique d'interprétation de la jurisprudence ou de la loi nous contraint à<br />

cheminer selon des méthodes qui tiennent certaines idées pour inhérentes au<br />

droit. La seule façon de transformer les concepts positivement établis est donc,<br />

comme l'écrit M. le doyen Carbonnier, de réussir à convaincre que la suite est<br />

déjà dans le précédent (805) . La transformation du droit qui rend positifs des<br />

désirs parfois contradictoires est le résultat d'une rhétorique de l'adhésion à<br />

une idée considérée comme seule valablement juridique, rhétorique qui<br />

conjugue pour la définition de l'avenir les éléments actuels d'un débat. Les<br />

difficultés pour comprendre le pouvoir de la doctrine tiennent donc à la<br />

définition de ces éléments qui loin d'être clairement identifiables, mêlent<br />

souvent l'ambigu au tabou, l'indicible au non-dit, <strong>et</strong> le mythe à l'esprit de la<br />

loi (806) .<br />

142. Paradoxe - Le discours des juristes qui décrivent des phénomènes<br />

normatifs pour tenter d'en comprendre l'évolution, se double d'un discours<br />

qui, loin d'être neutre <strong>et</strong> descriptif, est au contraire prescriptif <strong>et</strong> argumentatif.<br />

Ce paradoxe n'en est pas un. Les conflits apparents entre le caractère descriptif<br />

du discours doctrinal <strong>et</strong> la volonté des auteurs de peser sur les transformations<br />

du droit reflètent les tensions entre les exigences d'un point de vue interne<br />

pratique <strong>et</strong> la découverte d'un savoir (méta)juridique capable d'expliquer les<br />

modes de transformation du savoir juridique. Ils reflètent également les<br />

tensions nées de l'hétérogénéité de la communauté des juristes, une<br />

hétérogénéité telle que les juristes ne sont jamais parvenus à déterminer<br />

(805) J. CARBONNIER, "Notes sous des notes d'arrêts", D. 1970, chr., p.138.<br />

(806) rappr. M. FOUCAULT, L'archéologie du savoir, Paris, Gallimard, nrf, 1969, p.144-145.

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