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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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jurisprudence, <strong>et</strong> l'arrêt de l'assemblée plénière n'aurait fait que ramener ce<br />

paiement litigieux dans le giron des paiements déclarés ultérieurement sans<br />

cause, <strong>et</strong> pour lesquels ne fut jamais exigée la démonstration d'une quelconque<br />

erreur. La répétition de l'indu, concept connu <strong>et</strong> institution permanente<br />

depuis le droit romain, aurait-elle brusquement quitté sa chrysalide pour<br />

répondre aux exigences de la pratique contemporaine ? Subit-elle simplement<br />

les influences centrifuges des lobbies bancaires <strong>et</strong> patronaux, de la sécurité<br />

sociale, des compagnies d'assurance <strong>et</strong> de l'ensemble des milieux d'affaires ou<br />

bien sa mutation est-elle le fruit de l'évolution continue ? Indiscutablement, la<br />

doctrine dominante a fait de c<strong>et</strong>te décision une révolution <strong>et</strong>, avec elle, table<br />

rase des raisonnements cherchant, dans la tradition <strong>et</strong> la nature des choses, le<br />

sens de l'évolution du concept. Le courant doctrinal qui plaidait pour la<br />

disparition de la condition de l'erreur du solvens (665) a saisi l'occasion de c<strong>et</strong>te<br />

décision, somme toute d'espèce, pour réformer une institution si ancienne<br />

qu'aucun législateur contemporain n'aurait eu le courage d'une telle initiative<br />

politique. Ce discours doctrinal conduit à évincer la condition de l'erreur du<br />

solvens au motif qu'aucune erreur n'aurait été démontrable, que l'hypothèse<br />

de l'intention libérale de l'employeur à l'égard de l'URSSAF est pour le moins<br />

marginale, <strong>et</strong> surtout qu'en termes de probabilité, les organismes payeurs qui<br />

traitent par systèmes informatisés, ne peuvent que comm<strong>et</strong>tre une erreur<br />

quand le paiement s'avère indu ; qu'enfin, plutôt que poser une présomption<br />

d'erreur, autant débarrasser définitivement l'institution de ses guenilles en<br />

consacrant l'abandon de la condition <strong>et</strong> en laissant à l'accipiens le loisir de<br />

démontrer l'intention libérale du solvens. Et, sur le problème particulier du<br />

paiement conforme à une règle prétorienne qui ne durera pas le temps de la<br />

prescription, adm<strong>et</strong>tre l'erreur du solvens eût été adm<strong>et</strong>tre l'erreur de la Cour<br />

de cassation. Les commentateurs des Grands arrêts expliquent c<strong>et</strong>te position<br />

silencieuse de sa ratio decidendi. "On perçoit mal pourquoi - sinon pour des<br />

raisons de sécurité juridique manifestes - la jurisprudence refuse de prendre<br />

en compte dans les procédures de recours l'erreur de droit qui résulte d'un<br />

changement de jurisprudence (666) ". L'erreur de droit ne naît pas d'un<br />

revirement ; cela discréditerait la continuité de la jurisprudence. À défaut<br />

(665) I. DEFRENOIS-SOULEAU, "La répétition de l'indu objectif. Pour une application sans erreur de l'article<br />

1376 du Code civil", RTD civ. 1989, p.243 ; D. R. MARTIN, "De la répétition de l'indu", D. 1993, chr., p.167.<br />

(666) F. TERRE <strong>et</strong> Y. LEQUETTE, commentaire de Cass. ass. plén., 2 avril 1993, in Les grands arrêts de la<br />

jurisprudence civile, précité, p.629.

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