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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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pu susciter. Tout se passe donc comme si la Cour se considérait comme<br />

infaillible. On peut discuter la portée du dogme, non son existence. De là<br />

résulte un certain immobilisme, une constance excessive, une “force d’inertie”<br />

- certains ont dit : une certaine sclérose (854) ". Le remède est pour les uns le mal<br />

que dénoncent les autres. Pour les uns le cas facile se résout facilement,<br />

objectivement, puisque indépendamment de l'arbitraire du juge, la solution<br />

s'impose infailliblement. En suivant les préceptes de M. le doyen Perdriau, on<br />

pourrait ainsi éliminer par quelques formules sibyllines les pourvois formés<br />

contre les décisions des Cours d'appel s'étant conformées aux arrêts de<br />

principe rendus en matière de paiement de l'indu ou d'indétermination du<br />

prix. La brièv<strong>et</strong>é de la motivation aurait pour vertu la certitude des solutions.<br />

Pour les autres, concevoir le débat juridique en termes de questions / réponses<br />

élude la part créatrice des juges dans la répétition des mêmes solutions. Cela<br />

les amène à s'interroger sur la diversité des approches du raisonnement<br />

judiciaire <strong>et</strong> la validité de la subsomption comme mode idéal de résolution des<br />

cas faciles. "La science du droit n'a pas la rigueur de la science mathématique,<br />

<strong>et</strong> il est naturel que des recherches indépendantes aboutissent à des résultats<br />

différents ; un parfait monolithisme serait un indice certain de sclérose<br />

intellectuelle (855) ". Il y a lieu par conséquent de s'interroger sur des cas<br />

supposés faciles, subsumant des interprétations évidentes. On aurait tort de<br />

tous les juger hâtivement. Au reste, l’insistance avec laquelle la voix doctrinale<br />

de la Cour de cassation rappelle que la mission de la Haute juridiction est de<br />

veiller à l’unité du droit positif est porteuse d’une difficulté connexe. Les<br />

plaidoyers en faveur d’un désengorgement de la Cour par des méthodes<br />

expéditives, invitant les plaideurs à plus de r<strong>et</strong>enue, utilisent de manière<br />

intelligemment anachronique le rôle confié à la Cour de cassation par Portalis<br />

<strong>et</strong> son pouvoir normatif actuel. En eff<strong>et</strong>, au début du XIXème siècle, la Haute<br />

juridiction est encore considérée comme un interprète par voie d’argument,<br />

alors qu’aujourd’hui c<strong>et</strong> emploi est concurrent de celui d’interprète autorisé.<br />

Ainsi, en décidant qu’une affaire est simple voire simplissime, elle opère un<br />

classement entre les cas qui méritent une certaine attention <strong>et</strong> ceux qui n’en<br />

réclameraient pas. On a le sentiment que le pouvoir discrétionnaire de la Cour<br />

de cassation est de c<strong>et</strong> ordre : dans sa capacité à imposer que le cas est facile,<br />

(854) A. TOUFFAIT <strong>et</strong> A. TUNC, "Pour une motivation plus explicite des décisions de justice notamment de<br />

celles de la Cour de cassation", RTD civ. 1974, p.497.<br />

(855) G. ROUHETTE, Contribution à l’étude critique de la notion de contrat, <strong>Thèse</strong> Paris 1965, p. 50 cité par<br />

E. SAVAUX, La théorie générale du contrat, mythe ou réalité ?, précité, p.342 note 9.

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