27.05.2013 Views

Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

163<br />

En raisonnant de jure ferenda, la doctrine est nécessairement en avance sur<br />

le droit positif <strong>et</strong> son discours en affecte l'évolution ; son autotité se crée dans<br />

un contexte formé par ses anticipations, ses "prémonitions" <strong>et</strong> l'ensemble de<br />

ses prévisions. Elle pose les jalons des contraintes argumentatives qui pèseront<br />

sur les interprètes authentiques. Qui plus est, en adm<strong>et</strong>tant le lieu commun<br />

que le droit doit être prévisible, on adm<strong>et</strong> qu'il doit être conforme aux<br />

prévisions doctrinales. La solution posée prend donc place dans un contexte<br />

dont la cohérence est définie par la doctrine. Par ses "actes de connaissance",<br />

elle crée des contraintes argumentatives qui guideront mais aussi entraveront<br />

l'interprète <strong>et</strong> sa liberté d'interprétation.<br />

Elle est aussi, <strong>et</strong> c'est ce qui est le plus difficile à concevoir, nécessairement<br />

en r<strong>et</strong>ard. La bonne solution, celle qui assure la continuité de notre ordre<br />

juridique est toujours le résultat d'un jugement a posteriori, c'est à dire d'une<br />

(re)construction du passé à travers la chaîne du droit, la sédimentation du<br />

savoir juridique, les changements de paradigmes ou les révolutions<br />

scientifiques (612) . On considère aujourd'hui que "si notre système juridique est<br />

en train de changer radicalement, c’est en eff<strong>et</strong> par souci d’effectivité du droit.<br />

Le législateur ne peut que produire les instruments normatifs à travers les lois,<br />

mais non les appliquer lui-même : il n’a pas le pouvoir de rendre effectives les<br />

règles qu’il édicte. Si l’on pose que le droit ne prend vie, c’est-à-dire n’existe,<br />

qu’à travers son application, le système juridique doit m<strong>et</strong>tre en avant, d’une<br />

façon première, ce souci d’effectivité du droit. Par conséquent il cesse<br />

nécessairement de reposer sur la loi pour se reconstruire à partir du<br />

jugement (613) ". “ Nul n'est censé ignorer la loi ” nous dit-on pourtant, mais c<strong>et</strong><br />

adage n'a d'autre but que de maintenir "le caractère unitaire <strong>et</strong> cohérent de<br />

l'ordre juridique (614) ". “ Nul n'est censé ignorer l'unité du droit ” devrait-on<br />

dire. Mais si la loi <strong>et</strong> les énoncés prétoriens ont en commun de créer c<strong>et</strong>te<br />

unité constatée par la doctrine, ils sont des solutions à des questions. Dans ce<br />

cas, il s'agirait d'aborder les solutions par les questions.<br />

(612) C. ATIAS, Théorie contre arbitraire, précité, p.171, n°45.<br />

(613) W. BARANES <strong>et</strong> M.-A. FRISON-ROCHE, "Le souci de l’effectivité du droit", D. 1996, chr., p.301.<br />

(614) F. TERRE, "Le rôle actuel de la maxime “ Nul n'est censé ignorer la loi ”", Études de droit contemporain,<br />

Trav. <strong>et</strong> recherches de l'institut de droit comparé de l'université Paris X, Paris, Cujas, 1966, p.91.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!