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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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demeure même sceptique sur l'efficacité politique de la fiction d'univocité <strong>et</strong><br />

fait observer qu'une interprétation véritablement scientifique, réalisée sur la<br />

base d'une analyse critique <strong>et</strong> décrivant toutes les significations possibles<br />

politiquement correctes ou incorrectes, peut seule perm<strong>et</strong>tre à l'autorité<br />

habilitée de réduire à terme à un minimum les ambiguïtés <strong>et</strong> les équivoques<br />

inévitables de tout énoncé linguistique. Les auteurs qui, faisant mine de<br />

décrire les différentes significations <strong>et</strong> solutions possibles, prescrivent des<br />

choix, se trouvent en situation non plus d'interprètes doctrinaux ou<br />

scientifiques mais en situation de tribuns politiques. Kelsen condamne c<strong>et</strong>te<br />

attitude mais observe très justement qu' "on ne peut naturellement pas le leur<br />

interdire (39) " ; on ne peut que s'insurger qu'ils le fassent au nom de la science<br />

juridique. Le discours doctrinal doit néanmoins être maîtrisé : "Un<br />

commentaire scientifique doit se borner à indiquer les interprétations<br />

possibles d'une norme. Il ne peut pas décider que telle d'entre elles est la seule<br />

correcte ou la seule juste. C<strong>et</strong>te décision est un acte de volonté incombant<br />

exclusivement à l'organe qui a la compétence d'appliquer la norme en en<br />

créant une nouvelle. La plupart des commentaires qui se disent scientifiques<br />

sont en réalité des ouvrages de politique juridique (40) ".<br />

La description scientifique doit dans c<strong>et</strong>te perspective se contenter de<br />

commentaires éthiquement neutres car, à défaut, la doctrine ferait oeuvre<br />

politique. Au fond, il n'y a pas de solution unique, il n'y a pas d'interprétation<br />

exacte <strong>et</strong> surtout il n'y a pas de méthode pour connaître l'interprétation vraie<br />

parce que la langue du droit n'est pas un langage artificiel univoque. C<strong>et</strong>te<br />

idée présente incidemment chez Kelsen est développée par Hart par l'analyse<br />

de la texture ouverte du langage.<br />

10. Texture ouverte - Selon Hart, "les énoncés linguistiques généraux dotés<br />

d'autorité dans lesquels une règle se trouve formulée, peuvent ne fournir que<br />

des lignes de conduite incertaines, presque au même titre qu'un exemple<br />

faisant autorité. L'idée selon laquelle le langage de la règle nous perm<strong>et</strong> de<br />

repérer en toute simplicité des cas d'application facilement reconnaissables,<br />

s'effondre sous c<strong>et</strong> angle ; les notions de subsomption <strong>et</strong> de conclusion tirée<br />

d'un syllogisme ne caractérisent plus le nerf du raisonnement emprunté pour<br />

déterminer le comportement qu'il convient d'adopter (…)". S'il advenait que<br />

l'on "fige la signification d'une règle de telle façon que ses termes généraux<br />

(39) Ibid., p.463.<br />

(40) H. KELSEN, Théorie pure du droit, 1ère éd., 1953, précité, p.140.<br />

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