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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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Si nous avons utilisé le pluriel pour désigner ces images de l'unanimité,<br />

c'est pour montrer qu'elles se subdivisent chacune selon un autre critère de<br />

partition. En eff<strong>et</strong>, une importante difficulté tient au fait que la doctrine peut<br />

se montrer tout à fait unanime sur la qualification d’une situation juridique ou<br />

sur une solution à adopter, sans pour autant que les raisonnements menés<br />

pour y parvenir soient uniformes. Par exemple, la doctrine se considère<br />

unanime pour rej<strong>et</strong>er l'erreur sur la valeur comme cause de nullité des<br />

conventions, mais c<strong>et</strong>te unanimité se disperse dans une pluralité de<br />

fondements de la solution. En eff<strong>et</strong>, on considérera soit que l’erreur sur la<br />

valeur doit être assimilée à une erreur inexcusable, soit, <strong>et</strong> c’est la tendance<br />

générale, que l’erreur sur la valeur est une lésion, soit enfin que l’erreur sur la<br />

valeur est une erreur qui ne relève pas a priori de l’obj<strong>et</strong> du contrat (931) .<br />

La question de l’unanimité se dédouble dès lors en une unanimité pour la<br />

solution <strong>et</strong> en une unanimité sur le raisonnement tenu pour y parvenir. Fautil<br />

tenir pour unique <strong>et</strong> univoque une solution positive, alors que c<strong>et</strong>te solution<br />

a émergé de raisonnements différents voire contradictoires ? Il faut se poser la<br />

question de savoir si les raisonnements distincts qui mènent tous à la même<br />

solution ou à la même interprétation démontrent la qualité de c<strong>et</strong>te<br />

interprétation, ou bien s’il ne révèlent pas plus vraisemblablement son<br />

ambiguïté (932) . C’est de toute façon l'efficacité rhétorique de l’unanimité qui<br />

doit r<strong>et</strong>enir notre attention puisqu’elle perm<strong>et</strong> en dernier lieu d’effacer les<br />

divergences scientifiques.<br />

A vrai dire, lorsque la solution est unanimement admise par la<br />

jurisprudence <strong>et</strong> la doctrine, cela favorise la disqualification des<br />

(931) comparer AUBRY <strong>et</strong> RAU, Cours de droit civil français, tome IV, Paris, Libr. générale de jurisprudence,<br />

4ème éd., 1871, p.295, §343 bis ; G. RIPERT, La règle morale dans les obligations civiles, 4ème éd., 1949,<br />

précité, p.80 ; J. GHESTIN, Rép. civil Dalloz, v° Erreur, 1998, n°56 ; G. MARTY <strong>et</strong> P. RAYNAUD, <strong>Droit</strong> civil,<br />

tome 2, Les obligations, volume 1, Les sources, Paris, Sirey, 1962, n°123, p.114 ; J. FLOUR <strong>et</strong> J.-L. AUBERT,<br />

<strong>Droit</strong> civil, 1. L'acte juridique, Paris, A. Colin, 7ème éd., 1996, n°211, p.139 ; C. LARROUMET, <strong>Droit</strong> civil,<br />

tome 3, Les obligations, Le contrat, Paris, Économica, 4ème éd., 1998, n°352, p.299-300 ; Ph. MALAURIE <strong>et</strong><br />

L. AYNES, Cours de droit civil, tome VI, Les obligations, Paris, Cujas, 9ème éd., 1998, n°410, p.244 ;<br />

J. CARBONNIER, <strong>Droit</strong> civil, tome 4, Les Obligations, Paris, PUF, 21ème éd., 1998, [41], p.97 ; F. TERRE,<br />

Ph. SIMLER <strong>et</strong> Y. LEQUETTE, Les obligations, Paris, Dalloz, 6ème éd., 1996, n°212, p.178 ; A. SERIAUX, <strong>Droit</strong><br />

des obligations, Paris, PUF, 2ème éd., 1998, n°16, p.58 note 123.<br />

(932) Sur la question de l'interversion de la prescription par l'eff<strong>et</strong> d'une décision de justice : "Il est classique<br />

d'adm<strong>et</strong>tre que toute prescription se trouve intervertie par l'eff<strong>et</strong> d'un jugement de condamnation même si<br />

l'unanimité ne se fait pas sur la justification de c<strong>et</strong>te solution". Ce serait pour les uns un eff<strong>et</strong> novatoire de la<br />

d<strong>et</strong>te initiale produit par le jugement ; ce serait pour les autres, de manière absolument incompatible avec la<br />

première explication, le résultat "d'une extension analogique de la solution prévue à l'article 179 du Code de<br />

commerce qui n'est inspirée par aucun motif particulier aux l<strong>et</strong>tres de change". L. LEVENEUR, obs. sur Cass.<br />

com., 16 avril 1996, Contrats, concurr., consomm., 07/96, n°120 ; adde, M. BRUSCHI, La prescription en droit<br />

de la responsabilité civile, <strong>Thèse</strong> Aix-Marseille, 1995, n°89, p.153.

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