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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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Au fond, le discours sécuritaire, qu'il nous vienne des législateurs français<br />

<strong>et</strong> européens, des magistrats, des praticiens ou des universitaires, masque les<br />

difficultés à concevoir des justifications légitimant de manière décisive des<br />

prises de positions politiques, morales, religieuses ou même esthétiques. La<br />

connaissance du droit devant être sûre, la doctrine imagine de jure ferenda des<br />

procédures qui perm<strong>et</strong>tront de contraindre l'interprétation à la seule<br />

objectivement valable <strong>et</strong> officielle (PARAGRAPHE 1). Elle apporte également<br />

des gages scientifiques de la réalisation de l'unité (PARAGRAPHE 2).<br />

PARAGRAPHE 1. LE DESIR D'UNITE FORMELLE<br />

98. Un conseil de jurisprudence - L'institution en droit français d'un organe<br />

jurislatif capable d'énoncer la véritable interprétation de la loi est une<br />

revendication récurrente de la doctrine. Pour lutter contre les deux<br />

principales infirmités du droit jurisprudentiel que sont l'existence<br />

d'interprétations divergentes <strong>et</strong> la rétroactivité de la jurisprudence, des<br />

auteurs proposent la formalisation de l'énoncé prétorien par l'instauration<br />

d'une autorité promulguant des solutions générales (549) . Tenus de trancher les<br />

litiges conformément aux règles applicables, les juges seraient formellement<br />

contraints par l'énoncé prétorien rendu obligatoire (550) . C<strong>et</strong>te formalisation<br />

évincerait les difficultés propres à l'établissement incertain de la jurisprudence<br />

constante <strong>et</strong> les questions sur la validité <strong>et</strong> l'obligatoriété du précédent<br />

judiciaire français. Elle autoriserait la naissance d'un droit jurisprudentiel<br />

transitoire qui aménagerait les soubresauts des revirements successifs. Elle<br />

perm<strong>et</strong>trait, en outre, l'extension du champ d'investigation du pouvoir<br />

prétorien : si l'univocité de l'interprétation était assurée par un organe unique<br />

<strong>et</strong> unitaire, il pourrait se saisir <strong>et</strong> réformer les ambiguïtés de la loi avant que<br />

ne naisse un contentieux sur la question. En droit privé français, ce désir n'a<br />

pas encore été satisfait mais ce discours s'est déjà fait entendre du législateur :<br />

"Il est souhaitable d'instaurer [dans l'ordre judiciaire, un dispositif] qui offre<br />

l'avantage de trancher dès qu'elles apparaissent les questions de principe<br />

(549)<br />

A. TUNC, "Pour un conseil supérieur du droit privé", Études offertes à Léon Julliot de la Morandière,<br />

Paris, Dalloz, 1964, p.615.<br />

(550)<br />

P. DECHEIX, "Suggestion hérétique pour une justice moins lente (Plaidoyer pour l'arrêt de règlement)",<br />

D. 1991, chr., p.49.

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