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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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droit (343) . La controverse <strong>et</strong> l'innovation doctrinale sont des facteurs<br />

d'insécurité <strong>et</strong> de déclin dès lors que sont franchies ces limites.<br />

61. La pseudo-neutralité doctrinale - Le rôle que le doyen Ripert assigne à la<br />

doctrine peut paraître singulièrement réduit. Il proclame <strong>et</strong> annonce à<br />

plusieurs reprises l'effacement du rôle de la doctrine face à l'autorité de la<br />

Cour de cassation, en déclarant notamment que "nul professeur de la Faculté<br />

ne se perm<strong>et</strong>trait aujourd'hui d'opposer sa doctrine personnelle aux arrêts de<br />

la Cour de cassation (344) ". Est-ce là la description d'une réalité ? On peut<br />

valablement en douter. C<strong>et</strong>te invitation à adhérer au dogme de la solution<br />

unique énoncée par la Cour de cassation perm<strong>et</strong> à la doctrine de s'assurer sous<br />

un discours descriptif une force considérable. Si aucun auteur ne se perm<strong>et</strong><br />

aujourd'hui de m<strong>et</strong>tre en avant ses propres idées, l'on ne peut douter de sa<br />

neutralité <strong>et</strong> de son objectivité lorsqu'il interprète une décision de la<br />

juridiction suprême.<br />

En apparence Ripert est loin de l'idée de Demogue écrivant : "L'instinct<br />

d'imitation fait prendre longtemps une solution comme la moins mauvaise,<br />

jusqu'au jour où un penseur, un esprit à première vue paradoxal, fait pénétrer<br />

dans le public une solution nouvelle, que répand l'instinct d'imitation (345) ".<br />

Alors que pour le premier la continuité du droit ne peut être assurée<br />

positivement que par la Cour de cassation, le second réfléchit sur les modes de<br />

transformations de droit positif <strong>et</strong> s'appuyant sur la sociologie de Gabriel de<br />

Tarde pour définir <strong>et</strong> comprendre les moments de l'évolution d'une théorie <strong>et</strong><br />

des solutions, laisse penser que la doctrine exerce une influence décisive sur la<br />

détermination de la positivité des solutions. Ces deux discours m<strong>et</strong>tent<br />

l'accent sur la tension du rapport entre l'interprète doctrinal <strong>et</strong> l'autorité<br />

normative reconnue à la jurisprudence. Demogue reconnaît<br />

qu'informellement des thèses doctrinales gagnent le droit positif, <strong>et</strong> qu'elles<br />

(343) G. RIPERT, Les forces créatrices du droit, 2ème éd., 1955, précité, p.19 : "Les oppositions doctrinales<br />

n'ont porté pendant longtemps que sur les méthodes d'interprétation <strong>et</strong> la valeur respective des sources du<br />

droit ; elles ne comprom<strong>et</strong>taient en rien la conception commune à tous les juristes de la nature stable du droit"<br />

renvoyant à F. GENY, Méthode d'interprétation <strong>et</strong> sources en droit privé positif, tome 2, précité, n°139.<br />

(344) C<strong>et</strong>te invitation à adhérer au dogme de la solution unique prêtée à G. RIPERT, Préface à la table<br />

quinquennale du recueil des sommaires, p.1 [Référence introuvable], fut dénoncée par L. JOSSERAND dans un<br />

article resté célèbre par son titre "La doctrine contre la jurisprudence. Sur le problème de la responsabilité du<br />

fait des choses inanimées", DH 1931, p.69, dans lequel l'auteur montre que loin de clore une controverse<br />

l'arrêt des chambres réunies du 13 février 1930 avait mis le feu aux poudres doctrinales. Si aujourd'hui la<br />

doctrine adm<strong>et</strong> que c<strong>et</strong> arrêt Jand'heur a établi définitivement le régime de la responsabilité générale du fait<br />

des choses, c'est par une sorte de contraction historique ; car la lecture des commentaires de l'époque montre<br />

combien âpre <strong>et</strong> long fut le débat.<br />

(345) R. DEMOGUE, Les notions fondamentales du droit privé, précité, p.41.<br />

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