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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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l'opération engageant le franc commun, pouvait ainsi demander au profit de<br />

son mari l'annulation de la cession conformément à l'article 1832-2 du Code<br />

civil. Alors que la présomption de communauté semblait donc imposer la<br />

qualification de bien commun, la Cour de cassation ignora la discussion sur la<br />

qualification du franc pour lui dénier purement <strong>et</strong> simplement le caractère<br />

patrimonial eu égard à sa nature symbolique. Contournant l'obstacle, la Cour<br />

de cassation considérait que "la somme purement symbolique d'un franc ne<br />

constituait pas une valeur patrimoniale dont il y aurait lieu de déterminer le<br />

caractère propre ou commun" <strong>et</strong> qu'ainsi, l'acquéreur n'avait "employé aucun<br />

bien commun pour acquérir les parts litigieuses, puisqu'il s'est borné à<br />

souscrire seul un acte de caution qui n'engageait que ses biens propres <strong>et</strong> ses<br />

revenus <strong>et</strong> enfin que l'article 1832-2 du Code civil était sans application en<br />

l'espèce".<br />

Réfléchissant sur la qualité symbolique du franc payé, le commentateur de<br />

l'arrêt montrait en quelques mots la faiblesse du raisonnement des juges pour<br />

éclairer la question <strong>et</strong> la déplacer sur un terrain qu'il considérait moins<br />

ambigu. L'examen critique reformulait les cheminements possibles pour<br />

disqualifier le raisonnement tenu par la Cour de cassation. Selon M. Martin, la<br />

contradiction invalidante tenait à l'enchaînement des propositions. Si le franc<br />

symbolique n'a aucune valeur patrimoniale, quelle est la contrepartie de<br />

l'engagement du cédant puisqu'il est supposé y en avoir une ? Ce ne peut être<br />

que la substitution de cautionnement. La Cour de cassation le tait. En quoi le<br />

mari n'engagerait-il alors que ses biens propres <strong>et</strong> ses revenus (qui au<br />

demeurant sont communs lorsqu'il s'agit de gains <strong>et</strong> salaires) ? On ne peut<br />

répondre à c<strong>et</strong>te question puisque le raisonnement qui mène à la solution est<br />

assis sur une contradiction. L'auteur du commentaire terminant son travail de<br />

disqualification, condamne le raisonnement simpliste dans lequel la Cour s'est<br />

“abîmée” pour montrer qu'autrement posée, la question recelait une<br />

dimension non explorée. La véritable difficulté résidait "moins dans<br />

l'incidence matrimoniale du cautionnement que dans le caractère éventuel de<br />

son exécution : le franc symbolique dissimulait le piège d'une d<strong>et</strong>te<br />

conditionnelle que nul, en l'espèce, n'a su déceler".<br />

C<strong>et</strong> exemple illustre un procédé rhétorique dont la finalité est de montrer<br />

que le problème est mal posé. Il est suggéré au lecteur d'abandonner la lecture<br />

du principe de l'arrêt pour s'en tenir à l'énoncé de la question. Première<br />

garantie d'une bonne justice, comprendre les problèmes, leurs tenants <strong>et</strong> leurs<br />

aboutissants avant d'énoncer des solutions. Ce pouvoir de reformulation

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