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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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léser le véritable propriétaire, la doctrine érige les arguments<br />

conséquentialistes en principes décisoires.<br />

La théorie de Demogue, aussi séduisante qu'elle puisse paraître en ce<br />

qu'elle cherche à déterminer un équilibre entre les impératifs de sécurité<br />

statique <strong>et</strong> dynamique, est empreinte d'un paradoxe. L'argumentation de<br />

Demogue consiste à dire que s'il est contraire à la sécurité statique de rem<strong>et</strong>tre<br />

en cause des situations acquises, dans certaines hypothèses, le mouvement<br />

social impose c<strong>et</strong>te remise en cause <strong>et</strong> la sécurité dynamique doit alors être<br />

préférée. L'apparence créée donne sa validité à la convention conclue, <strong>et</strong> en<br />

l'absence de critique à formuler contre le tiers, le principe de sécurité<br />

dynamique contractuelle impose sa valeur sociale, afin que la vente formée<br />

sous l'empire de l'erreur commune ne puisse être remise en cause. Si<br />

d'aventure la nullité du contrat était admise, le juge s'exposerait à la critique<br />

doctrinale pour avoir contrevenu à la sécurité juridique. Mais laquelle ? Est-il<br />

contraire à la sécurité dynamique de rem<strong>et</strong>tre en cause une situation née d'un<br />

contrat nul (514) ? Est-il conforme à la sécurité statique de s'en tenir à une<br />

situation acquise du fait d'un contrat apparent ? Les justifications proposées<br />

par les auteurs sont nécessairement contradictoires parce que, comme le<br />

reconnaît d'ailleurs Demogue, la frontière entre les deux concepts est<br />

incertaine (515) . Plus qu'incertaine, c<strong>et</strong>te frontière n'existe pas. Tour à tour,<br />

sécurité statique <strong>et</strong> sécurité dynamique justifient de décider a priori pour le<br />

rej<strong>et</strong> de telle interprétation ou en faveur de telle autre. En fait, en adm<strong>et</strong>tant<br />

avec Paul Roubier le postulat qui fait de la sécurité juridique la valeur<br />

primordiale de notre société, il restera toujours à se demander qui, de la<br />

sécurité statique ou de la sécurité dynamique, devra triompher.<br />

Pour éliminer c<strong>et</strong>te difficulté, en cohérence de sa summa divisio, Demogue<br />

situe le principe général de sécurité juridique sur deux plans : constance de<br />

l'interprétation <strong>et</strong> rapidité des procédures de décision. "Le droit r<strong>et</strong>ardé dans<br />

son application est déjà un droit blessé (516) " <strong>et</strong> la solution sûre réside dans<br />

"c<strong>et</strong>te certitude de ne pas voir la Cour de cassation se déjuger facilement". En<br />

cherchant à suivre le précédent, en cherchant à rendre ses raisonnements<br />

cohérents <strong>et</strong> à dire "un droit uniformisé dans ses détails (517) ", la Cour de<br />

cassation assure le respect de la tradition. En témoignant par ses décisions de<br />

(514) R. DEMOGUE, Les notions fondamentales du droit privé, précité, p.69.<br />

(515) R. DEMOGUE, Les notions fondamentales du droit privé, précité, p.74<br />

(516) R. DEMOGUE, Les notions fondamentales du droit privé, précité, p.66.<br />

(517) R. DEMOGUE, Les notions fondamentales du droit privé, précité, p.219.

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