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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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doctrine est importante <strong>et</strong> nous avons montré qu'elle empruntait des chemins<br />

sinueux aidée par des procédés d'unification, d'implicitation ou de dénégation,<br />

mais les juristes ne sont pas que rhéteurs. Questionner, interroger, en termes<br />

de validité, d'opportunité politique ou de justice, perm<strong>et</strong> de faire la part des<br />

choses : la part de ce qui est acte de connaissance <strong>et</strong> la part de ce qui est acte<br />

de volonté. Car même si les questions donnent, elles aussi, une orientation<br />

argumentative aux propos tenus, elles ouvrent le champ des significations <strong>et</strong><br />

des solutions possibles.<br />

217. La voie de l'argumentation - Entre description <strong>et</strong> prescription, le droit<br />

toujours se dédouble. Système formel hiérarchisé de normes d'une part,<br />

ensemble informel anarchique de questions d'autre part (1169) . Et entre les<br />

deux, entre la validité des règles <strong>et</strong> les ambiguïtés de leur contenu, entre la<br />

détermination des règles applicables <strong>et</strong> l'opportunité politique de leur<br />

application : il y aura toujours l'argumentation.<br />

Était-ce alors infamant de présenter la doctrine de droit privé comme<br />

gardienne d'un temple où l'on prêche le culte de la solution unique ? Était-ce<br />

un blasphème d'en dénoncer le dogme ? Serait-il hérétique de penser que les<br />

juristes se nourrissent d'illusions ? Serait-il plus calomnieux encore de dire<br />

que loin de se bercer d'illusions, les juristes sont en réalité des illusionnistes ?<br />

Le dogme de la solution unique est une croyance trop simpliste aujourd'hui<br />

pour que les juristes y adhèrent mais il les sert <strong>et</strong> les rassure comme substitut<br />

d'une théorie qui par nature, <strong>et</strong> presque par définition, ne pourrait être fondée<br />

sans verser dans l'idéologie.<br />

Mais pour autant doivent-ils "continuer d'escamoter ces questions <strong>et</strong> de<br />

placer toute leur confiance dans la règle dont la permanence <strong>et</strong> la généralité<br />

porteuse d'égalité [ou de sécurité] seraient les véritables garanties de leur<br />

savoir (1170) ?" Nous répondrons comme M. le professeur Atias que "la<br />

déconstruction de la science, parce qu'elle est explosion du paravent simpliste<br />

des évidences, des certitudes <strong>et</strong> des vérités fallacieuses, pourrait être leur<br />

chance (1171) ".<br />

(1169) Ph. REMY, "Philosophie de l'ordre civil positif", in G. PLANTY-BONJOUR <strong>et</strong> R. LEGEAIS (dir.), L'évolution<br />

de la philosophie du droit en Allemagne <strong>et</strong> en France depuis la fin de la seconde guerre mondiale, Paris, PUF,<br />

1991, p.145 (p.157). L'auteur considère ainsi que "sont juridiques les questions qu'un juge, un législateur ou<br />

un jurisconsulte peuvent examiner" <strong>et</strong> que "la juridicité à rechercher n'est pas tant celle de la règle que celle<br />

des solutions, ou plus exactement des questions".<br />

(1170) C. ATIAS, Épistémologie du droit, Paris, PUF, 1994, p.123.<br />

(1171) Ibid., p.123.

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