27.05.2013 Views

Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>et</strong> l'École de l'exégèse perm<strong>et</strong> à Bonnecase d'argumenter pour la rénovation du<br />

droit naturel contre les tentations positivistes. Elles ont déjà gagné le droit<br />

public ; la doctrine de droit privé doit se montrer vigilante <strong>et</strong> préserver son<br />

savoir. En présentant ainsi les théories positivistes comme dévoiement de la<br />

connaissance juridique, de la même manière que l'exégèse fut une perversion<br />

de la philosophie de Portalis, Bonnecase résume l'histoire de la doctrine à une<br />

tension entre les philosophies essentialistes <strong>et</strong> un mauvais légalisme, entre une<br />

philosophie de l'expérience <strong>et</strong> de l'auctoritas, <strong>et</strong> la prosternation devant le<br />

culte de la loi <strong>et</strong> de la potestas. Mais au-delà des considérations traçant à gros<br />

traits c<strong>et</strong>te description, il faut s'interroger sur les mobiles de Bonnecase <strong>et</strong> en<br />

expliquer les contradictions.<br />

43. La recherche de la vérité - Il est bien difficile de comprendre pourquoi les<br />

auteurs du XXème siècle ont rej<strong>et</strong>é en bloc <strong>et</strong> à ce point leurs prédécesseurs.<br />

Pour stigmatiser Marcadé, qu'il tient cependant en haute estime, Bonnecase<br />

en dénonce les écrits polémiques <strong>et</strong>, en fin de compte, stériles. Il souligne que<br />

les emportements doctrinaires dont il était coutumier, étaient la manifestation<br />

de son culte de la vérité. Emporté par sa foi, Marcadé ne cessera de relever <strong>et</strong><br />

discuter les erreurs de ses contemporains (229) , de sorte que l'ensemble de son<br />

oeuvre en sera affecté. Plus loin, pour louer la méthode <strong>et</strong> l'enseignement de<br />

Thaller, Bonnecase relève que ce dernier "empoignait les questions d'actualité<br />

(…) pour les ramener à leurs données essentielles <strong>et</strong> les résoudre par<br />

l'application des principes fondamentaux du droit". Le maître était pris "par le<br />

jeu de la passion d'enseigner <strong>et</strong> d'apprendre aux autres à persévérer dans la<br />

voie de la découverte scientifique, la recherche de ses applications, le culte du<br />

vrai <strong>et</strong> du juste". Bien mince est finalement la différence.<br />

L'ambiguïté du discours de Bonnecase consiste à reconnaître à l'un les<br />

qualités qu'il nie à l'autre <strong>et</strong> à m<strong>et</strong>tre entre parenthèses la "période de<br />

l'exégèse" en déniant toute pertinence à la pensée juridique de c<strong>et</strong>te époque, à<br />

l'exception d'Aubry <strong>et</strong> Rau, de La Thémis <strong>et</strong> de quelques autres (230) , pour<br />

ensuite expliquer la continuité du processus de formation du savoir juridique.<br />

Ce raisonnement qui évince plus de la moitié du XIXème siècle conduit à lier<br />

la science du droit du XXème aux discours préparatoires du Code civil <strong>et</strong> à<br />

l'oeuvre philosophique de Portalis. L'année 1804 symbolise l'incontournable<br />

(229) J. BONNECASE, La pensée juridique française…, tome 1, précité, p.335.<br />

(230) Charles Beudant est lui aussi épargné : "Bien que de la génération des exégètes, il a contribué à réveiller<br />

les énergies assoupies". v. J. BONNECASE, La pensée juridique française…, tome 1, précité, p.398-401.<br />

73

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!