27.05.2013 Views

Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

CONCLUSION GENERALE<br />

340<br />

215. La voie de la déduction ? - "Si l'effort du juriste consiste à rechercher les<br />

idées susceptibles d'organiser les propositions en lesquelles s'expriment les<br />

solutions de droit, une méthode s'est toujours présentée comme offrant une<br />

voie adéquate à c<strong>et</strong>te recherche, celle d'une organisation à partir d'un, voire<br />

de plusieurs principes évidents, auxquels il serait possible de relier par voie<br />

déductive l'ensemble des solutions positives (1165) ". Derrière la complexité<br />

apparente des phénomènes liés au droit, il y aurait toujours un moyen de<br />

ramener le savoir juridique à plus de simplicité, plus de clarté, plus d'unité.<br />

Tapis dans l'ombre du système, des principes, accessibles à tous, offriraient la<br />

possibilité de connaître, par simple subsomption, les solutions des questions<br />

que les juristes se posent. Il suffirait de reconnaître les "principes évidents"<br />

pour connaître les bonnes solutions. En fait, les juristes cherchent des lois.<br />

Des lois de probabilité le plus souvent. Ils les cherchent dans la qualité du<br />

passé ou dans la quantité du présent.<br />

Au présent, ce n'est pas tant la "tradition" ou la "continuité" qui sont mises<br />

en avant mais plutôt l'autorité du nombre. Et quand cela ne suffit pas à rendre<br />

l'avenir prévisible, c'est tout simplement l'autorité de la juridiction suprême<br />

qui fait office de raison du principe découvert. La solution devient évidente<br />

parce qu'elle s'impose.<br />

En résumé, le dogme de la solution unique conduit les juristes à induire des<br />

lois de prévisibilité qui donneront lieu à des applications déductives, qui<br />

perm<strong>et</strong>tront d'induire d'autres lois <strong>et</strong> ainsi de suite. Et les "principes évidents"<br />

se changent en autant de "principes évidents". Derrière tant de certitudes, le<br />

triptyque méthodologique “ une question, une démonstration, une solution ”<br />

sonne creux. Si un culte est toujours rendu à la solution unique, certains s'en<br />

repentent : "Nous avons nous-mêmes enseigné, diffusé le mépris de la<br />

doctrine, célébrant aveuglément le culte de la jurisprudence. Passé le temps<br />

où la doctrine s'était vouée au commentaire de la loi, forme parfaite du droit,<br />

elle s'est cherchée d'autres dieux : elle a trouvé les jugements. Et la réflexion<br />

juridique livrée à ses nouveaux cultes, s'est enfermée dans le commentaire de<br />

la jurisprudence (1166) ".<br />

(1165) H. BATIFFOL, Problèmes de base de philosophie du droit, Paris, LGDJ, 1979, p.137.<br />

(1166) J.-D. BREDIN, "Remarques sur la doctrine", Mélanges Pierre Hébraud, Toulouse, 1981, p.117 ; comp.<br />

avec la mise en garde de M. le professeur CORNU, <strong>Droit</strong> civil, Introduction, Les personnes, Les biens, 8ème<br />

éd., 1997, précité, p.156, note [3] : "La célébration de la jurisprudence comme source de droit déforme la vue<br />

d'ensemble des fonctions du juge. Elle grossit la marge d'apparat <strong>et</strong> “rétrécit” tout le reste qui est pourtant

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!