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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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c'est le pouvoir de l'autorité juridictionnelle de peser sur la réforme du droit<br />

civil. Certes, la jurisprudence n'est pas considérée comme source du droit mais<br />

le débat sur l'autorité coutumière de la norme prétorienne occupe une place<br />

importante dans le traitement des questions techniques. Pour convaincre son<br />

lecteur du mouvement historique qui amènera la Cour de cassation à adopter<br />

bientôt un système de responsabilité générale du fait des choses, Saleilles<br />

utilise la rhétorique de solution unique. "Logiquement, il n'y a plus qu'un<br />

système possible, susceptible de s'adapter avec la réalité des faits <strong>et</strong> l'évolution<br />

du droit, c'est celui de la responsabilité par le fait des choses : c'est le domaine<br />

nouveau, particulièrement large <strong>et</strong> élastique, où viendra prendre place la<br />

théorie du risque professionnel. Pour le moment, constatons seulement le<br />

premier pas fait dans c<strong>et</strong>te voie. Il est encore bien timide mais la logique<br />

juridique ne manquera pas de faire produire au système toutes ses<br />

conséquences (213) ".<br />

Il y a dans c<strong>et</strong>te phrase tout une conception du rôle de la doctrine <strong>et</strong> de son<br />

relais normatif, la Cour de cassation. L'histoire des faits sociaux conduit le<br />

savoir juridique à s'adapter <strong>et</strong> à concevoir des systèmes appropriés que la Cour<br />

de cassation appliquera. L'inévitable écoulement du temps doit inviter les<br />

acteurs de la vie juridique à anticiper sur le cours des événements pour qu'ils<br />

tirent des prémisses d'une évolution les conséquences probables à terme. Qui,<br />

mieux que personne, est capable de définir le futur juridique ? La logique<br />

juridique. Saleilles efface la doctrine au profit de la logique. La neutralité de la<br />

doctrine commence ainsi à poindre sous c<strong>et</strong> artifice argumentatif. Le savoir<br />

juridique sera "objectif" en taisant le rôle de la doctrine, <strong>et</strong> bien qu'il soit sousentendu<br />

que les acteurs de la vie économique devront s'intéresser aux<br />

nouvelles méthodes juridiques pour comprendre les temps à venir, c<strong>et</strong>te<br />

rhétorique fait du droit un savoir indépendant formellement du suj<strong>et</strong><br />

doctrinal. Le contenu des normes prétoriennes, lui, est naturellement issu, en<br />

toute neutralité, de l'interprétation scientifique. Dans le même sens, Planiol<br />

compare la doctrine à l'opinion publique <strong>et</strong> se situe loin, comme en r<strong>et</strong>rait. "La<br />

doctrine joue dans la science du droit à peu près le même rôle que l'opinion<br />

publique en politique, <strong>et</strong> ce rôle est considérable ; c'est elle qui donne<br />

l'orientation ; elle prépare de loin beaucoup de changements de législation <strong>et</strong><br />

(213) R. SALEILLES, note sous Cass. civ., 16 juin 1896, DP 1897.1.433, spéc. p.437, 1ère col. ; voir également,<br />

L. JOSSERAND, De la responsabilité du fait des choses inanimées, Paris, Rousseau, 1897, p.66 <strong>et</strong> s.<br />

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