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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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cassation : soit on le considère comme un pouvoir normatif effroyablement<br />

versatile dont il faut à tout prix canaliser les réalisations, soit on adm<strong>et</strong> qu'en<br />

l'absence de contrainte formelle pesant sur l'interprète suprême, il ne s'agit<br />

pas pour lui de déterminer une interprétation durable <strong>et</strong> l'on offre à sa<br />

réflexion des argumentations plus que des interprétations. Dans les deux cas,<br />

l'on glisse doucement vers les tensions créées par le deuxième non-dit. Pour<br />

résoudre les difficultés d'interprétation de la loi ou de l'énoncé<br />

jurisprudentiel, on s'attachera à rechercher sous la règle la volonté du<br />

législateur, la continuité ou la cohérence du système prétorien de façon à<br />

assurer à la thèse défendue l'adhésion de l'interprète qui se considère comme<br />

sentinelle de la loi ou comme dépositaire d'une tradition. Mais la découverte<br />

du non-dit se fait en dehors du pouvoir normatif par une autorité scientifique<br />

qui maîtrise, quand elle est unanime, la formation du contenu de<br />

l'interprétation ou de l'argumentation théorique à partir d'un cadre qu'elle a<br />

elle-même forgé. C'est le troisième non-dit constitué par la tension entre la<br />

norme énoncée <strong>et</strong> la conception de l'ensemble de l'ordre juridique. C'est<br />

évidemment ce dernier niveau de compréhension du droit qui est propre au<br />

discours doctrinal, là où les contraintes interprétatives s'établissent soit en<br />

silence (PARAGRAPHE 1), soit sur des tabous (PARAGRAPHE 2).<br />

PARAGRAPHE 1. L'UTILISATION DOCTRINALE DU SILENCE<br />

180. Une invitation au silence - De l'article 1978 du Code civil, M. le professeur<br />

Rémy nous dit qu'il est "un texte sans explication ; la règle ne tient que parce<br />

qu'elle a été posée là. On la cantonne ou on la contourne depuis bientôt deux<br />

siècles. Sans le Code, on peut parier que les civilistes n'en auraient plus la<br />

mémoire ; on pourrait peut-être, aujourd'hui, faire exprès de l'oublier (996) ".<br />

C<strong>et</strong>te suggestion, destinée à se débarrasser en douceur de la règle qui prive le<br />

crédirentier de la possibilité d'agir en résolution pour défaut de paiement des<br />

arrérages de la rente, rappelle que, par ses abstentions aussi, la doctrine dirige<br />

l'interprétation. Taire l'espèce pour affirmer le principe, taire une opinion<br />

pour faire triompher l'unanimité, taire une solution pour en faire prévaloir<br />

une autre : les silences de la doctrine sont autant de prescriptions. Pour<br />

convaincre, il faut parfois passer sous silence tout ou partie du raisonnement<br />

(996) Ph. REMY, obs. à la RTD civ. 1987, p.363.

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