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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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doctrine les représente à l'aide de constructions contradictoires qui montrent<br />

les faiblesses des conceptions légalistes <strong>et</strong> suivistes ; elle en r<strong>et</strong>ire comme<br />

bénéfice qu'elle seule est en mesure de guider les interprètes habilités sur la<br />

voie de la cohérence.<br />

En somme, le savoir juridique appartiendrait tout entier à la doctrine.<br />

"C'est pure question doctrinale que de juger de la question de la rectitude<br />

juridique de la jurisprudence <strong>et</strong> de dire laquelle est ou n'est pas fidèle à la<br />

loi (609) ". Ce serait également pure question doctrinale que de juger de la<br />

conformité de la loi à l'unité de l'ordre juridique.<br />

107. Conclusion - La rhétorique de l'unité d'interprétation <strong>et</strong> de la solution<br />

sûre se résume finalement à peu de mots souvent rencontrés. Nombre<br />

d'analystes <strong>et</strong> de commentateurs de la jurisprudence reprennent un discours<br />

devenu refrain. Quand il est critique, il m<strong>et</strong> en avant un dévoiement des<br />

fonctions judiciaires par la juridiction suprême en lui rappelant son rôle. "La<br />

Cour de cassation dont le rôle est d'unifier l'interprétation de la règle de droit,<br />

a une incidence pratique considérable … Elle participe au maintien de la<br />

sécurité juridique en général <strong>et</strong> de la prévision contractuelle en<br />

particulier (610) ". Et ce rôle n'appartient qu'à la juridiction suprême.<br />

"L’interprétation de la loi est exclusivement donnée <strong>et</strong> imposée à tous les juges<br />

par la Cour de cassation. Reconnaître aux juges du fond un pouvoir légal de<br />

résistance, c’est nier ce monopole <strong>et</strong> revenir à un temps où n’existait d’autre<br />

droit que la loi. [...] La jurisprudence ne peut s’épanouir dans un système de<br />

droit codifié sans être unique <strong>et</strong> imposée (611) ". Au fond contre l'arbitraire des<br />

juges, contre les incohérences du législateur, contre les spéculations<br />

doctrinales sources de controverses, il faudrait s'en rem<strong>et</strong>tre à la Cour de<br />

cassation parce qu'elle est seule capable de découvrir la bonne solution. Cela<br />

est bien difficile à croire <strong>et</strong> l'on soupçonne de la part de la doctrine qui invite<br />

à adhérer au dogme de la solution unique soit une certaine ironie, soit un<br />

double langage. Les gages doctrinaux de l'unité ne seraient-ils que des leurres<br />

lancés pour satisfaire les conceptions suivistes <strong>et</strong> légalistes de l'ordre<br />

juridique ? Il n'est pas douteux que les auteurs oeuvrent à la découverte des<br />

solutions <strong>et</strong> des concepts : leur neutralité n'est que de façade.<br />

(609)<br />

Ph. MALAURIE, "La jurisprudence combattue par la loi", Mélanges Savatier 1965, p.607.<br />

(610)<br />

C. BOULLEZ, "La garantie des vices : la part maudite de la jurisprudence", Gaz. pal., 4-5 novembre 1994,<br />

p.9.<br />

(611)<br />

F. ZENATI, "La saisine pour avis de la Cour de cassation", D. 1992, chr., p.247.

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