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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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décision aux exigences pratiques de la matière ; d’autre part les jugements<br />

doctrinaux de condamnation disent l’impossibilité théorique d'étendre, par<br />

eff<strong>et</strong> de généralisation induite, la norme trop peu sûre aux cas voisins ou<br />

analogues.<br />

Ainsi, sous l'empire du principe de sécurité juridique, la doctrine glisse ses<br />

propositions en valorisant des raisonnements tenus pourtant a priori. Lorsque<br />

M. le professeur D. R. Martin écrit "la chose bancaire fait le tourment du juge,<br />

<strong>et</strong> l'intérêt conventionnel son vertige. Mais ce spleen jurisprudentiel n'a que<br />

trop duré : dans une matière aussi pratique <strong>et</strong> sensible, la sécurité juridique<br />

proscrit les états d'âme (878) ", il condamne les oscillations de la jurisprudence <strong>et</strong><br />

ses difficultés à déterminer des critères "objectifs" de l’application de l’article<br />

1907 al.2 du Code civil. Il condamne surtout une solution particulièrement<br />

rigide qui oblige les banquiers à formaliser par écrit la stipulation du taux<br />

d'intérêt conventionnel.<br />

Dans un sens voisin, la doctrine condamne, par recours à la sécurité<br />

juridique, la solution qui se révèle "en parfaite inadéquation avec le droit<br />

positif de la promesse unilatérale de vente (879) ". La critique est alors très<br />

sèche : "la Cour de cassation fait (…) la part belle à la fraude <strong>et</strong> à la mauvaise<br />

foi". En substance, M. le professeur Denis Mazeaud voit, dans la solution<br />

posée, les conséquences les plus néfastes pour l'efficacité de la promesse de<br />

vente. En perm<strong>et</strong>tant au vendeur de se rétracter valablement pendant le délai<br />

pour lever l'option, l'arrêt condamne l'avant-contrat à la précarité. La Cour<br />

persiste, du reste, <strong>et</strong> continue de porter de "mauvais coup à la sécurité<br />

juridique <strong>et</strong> à la vitalité des promesses unilatérales de vente (880) ". Sur la même<br />

question, un autre auteur juge durement le raisonnement tenu par la Haute<br />

juridiction. "Inutile de dire que ce raisonnement paraît spécieux : un<br />

consentement par hypothèse irrévocable ne peut être révoqué sans priver le<br />

contrat de toute force obligatoire <strong>et</strong> de toute sécurité juridique (881) ". La<br />

doctrine s'autorise ainsi à porter de sévères jugements sur l'appréciation<br />

judiciaire. Elle se donne l'autorité de contrôler les lois <strong>et</strong> leurs interprétations<br />

(878) D. R. MARTIN, note sous Cass. civ. 1ère, 17 janvier 1995, D. 1995, p.213. C<strong>et</strong> auteur est d'ailleurs souvent<br />

enclin à dénoncer les excès de “sensibleries” doctrinale <strong>et</strong> prétorienne.<br />

(879) D. MAZEAUD, note sous Cass. civ. 3ème, 15 décembre 1993, JCP 1995.II.22366. Dans le même sens,<br />

J. MESTRE, obs. à la RTD civ. 1994, p.588 ; contra M. FABRE-MAGNAN, "Le mythe de l'obligation de<br />

donner", RTD civ. 1996, p.85 (p.102).<br />

(880) Cass. civ. 3ème, 26 juin 1996, Defrénois 1996, p.1371, obs. D. MAZEAUD. L'auteur lui aussi persiste <strong>et</strong> au<br />

risque de passer pour un “ agitateur ”, continue de dénoncer la solution dégagée par la troisième chambre<br />

civile.<br />

(881) O. TOURNAFOND, note sous Cass. civ. 3ème, 15 décembre 1993, D. 1994, p. 231.

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