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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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Selon M. le professeur Zénati, "l'intervention doctrinale s'avère bénéfique<br />

<strong>et</strong> génératrice de certitude". La dialectique doctrinale perm<strong>et</strong> de réduire la<br />

contradiction à deux thèses. "C<strong>et</strong>te cristallisation a un eff<strong>et</strong> simplificateur ; à<br />

défaut de perm<strong>et</strong>tre à la doctrine d'accéder elle-même à la synthèse, elle<br />

présente au juge une alternative qui facilite la décision (818) ". L'office de la<br />

doctrine serait donc de réduire le nombre de solutions possibles <strong>et</strong> non de<br />

l'augmenter ; l'idéal serait évidemment qu'elle puisse déterminer la seule<br />

solution qui s'imposera. Ceci est dû sans doute à une focalisation excessive des<br />

auteurs sur le rôle normatif de la Cour de cassation. Lorsqu'apparaissent <strong>et</strong><br />

persistent des divergences entre des juridictions du fond ou parmi les<br />

chambres de la juridiction suprême, <strong>et</strong> qu'elles subsistent après les<br />

interventions de l'assemblée plénière, la doctrine s'interroge <strong>et</strong> présente<br />

volontiers la jurisprudence comme une source du droit imparfaite voire<br />

infirme, incapable d'imposer la solution énoncée (819) . Mais le plus souvent, les<br />

divergences jurisprudentielles sont le refl<strong>et</strong> de la diversité des opinions qui a<br />

cours en doctrine, une diversité d'opinions qui est elle-même le refl<strong>et</strong> de la<br />

diversité des ordres de valeurs accordées aux solutions possibles. Ainsi, quand<br />

M. le professeur Zénati prête à la doctrine la vertu de condenser <strong>et</strong> de<br />

simplifier les alternatives offertes au choix judiciaire, n'y a-t-il pas là<br />

l'occultation d'une partie de son pouvoir, celui de passer sous silence les<br />

solutions <strong>et</strong> les raisonnements déviant de l'alternative dominante ? Le discours<br />

doctrinal a autant de force dans ses silences que par ses prescriptions<br />

explicites, <strong>et</strong> cela parce qu'il est à la fois un véhicule <strong>et</strong> un obj<strong>et</strong>. Il est le<br />

véhicule d'une rhétorique de l'adhésion à des solutions prescrites par l'autorité<br />

énonciative. Il est aussi son propre obj<strong>et</strong>, son propre enjeu même puisque c<strong>et</strong>te<br />

rhétorique d'autorité pénètre les sphères plus théoriques <strong>et</strong> contamine en<br />

quelque sorte les supposés points de vue externes.<br />

En résumé, si l'on cherche les réponses possibles, on les trouvera<br />

vraisemblablement dans l'oeuvre doctrinale, mais gare aux leurres. Ce que l'on<br />

prend pour des descriptions, ce sont aussi des opinions. Les interprètes par<br />

voie d'argument jouent de leur position pour créer des contraintes<br />

interprétatives. Par leurs "jugements de conformité", ils expriment le désir de<br />

peser sur la transformation de l'ordre positif.<br />

(818) F. ZENATI, La jurisprudence, précité, p.253 <strong>et</strong> p.259 ; adde, M. CABRILLAC <strong>et</strong> C. MOULY, <strong>Droit</strong> des<br />

sûr<strong>et</strong>és, Paris, Litec, 4ème éd., 1997, n°168, p.146 : "Dans le silence du contrat, la communauté des juristes<br />

est parvenue à s'accorder sur deux solutions".<br />

(819) P. ESMEIN, "La jurisprudence <strong>et</strong> la loi", RTD civ. 1952, p.17.

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