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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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97. Contre l'arbitraire - Léon Husson, appréciant l'avènement des<br />

méthodologies nouvelles issues de la Libre recherche, considérait que leur<br />

eff<strong>et</strong> était de donner au juge une plus grande liberté face au cas inédit, "sans le<br />

dispenser pour autant de s'appliquer à insérer les solutions nouvelles qu'il<br />

apporte dans le système des lois existantes, afin de maintenir dans toute la<br />

mesure du possible, la cohérence nécessaire pour assurer l'égalité <strong>et</strong> la sécurité<br />

juridique. La rigueur qui convient au droit ne peut être obtenue que par c<strong>et</strong>te<br />

alliance (545) ". Partant de l'idée que le système juridique ne gagne sa cohérence<br />

qu'en unissant l'égalité des uns <strong>et</strong> la sécurité des autres pour des solutions<br />

applicables à tous, les auteurs qui utilisent la rhétorique de l'unité<br />

d'interprétation, décrivent la continuité du droit comme le chemin qui mène<br />

à la solution sûre. Et lorsque l'analyse de la complexité emprunte des voies<br />

plus chaotiques <strong>et</strong> moins conformistes, ils voient planer le spectre de<br />

l'incertain. Au fond, l'alliance entre unité <strong>et</strong> sécurité ne supporte pas le doute ;<br />

elle libère une rhétorique très conformiste qui cherche sa légitimité dans les<br />

garde-fous qu'elle apporte contre le pouvoir discrétionnaire des juges. La<br />

sécurité juridique est utilisée pour rendre compte d'un besoin primordial de<br />

l'Homme, comme l'obj<strong>et</strong> d'un principe directeur du procès, ou encore comme<br />

un principe "matriciel" du droit français (546) . Mais la sécurité est une notion<br />

essentiellement doctrinale ; Demogue distinguait d'ailleurs en ce sens<br />

l'opinion de sécurité du sens commun de l'état de sécurité juridique : "Pour le<br />

juriste, le sentiment de sécurité existe dès lors que la sécurité existe<br />

objectivement, il n'en est pas de même pour l'homme étranger au droit (547) ".<br />

La sécurité juridique est un savoir d'initié. Nombreux sont du reste les auteurs<br />

à décliner la sécurité sur le mode de l'intelligibilité du droit (548) . Il y aurait une<br />

contradiction à affirmer que le sentiment de sécurité n'est pas a priori<br />

accessible à l'homme moyen, tout en faisant de la connaissance des règles un<br />

impératif de sécurité, si l'on ne soulignait que la sécurité juridique n'est rien<br />

d'autre qu'un contenant rhétorique véhiculant les prescriptions techniques <strong>et</strong><br />

politiques de celui qui l'utilise.<br />

(545) L. HUSSON, "Examen critique des assises doctrinales de la méthode de l'exégèse", RTD civ. 1976, p.437.<br />

(546) B. MATHIEU, "Pour une reconnaissance de “ principes matriciels ” en matière de protection<br />

constitutionnelle des droits de l'Homme", D. 1995, chr., p.211-212.<br />

(547) R. DEMOGUE, Les notions fondamentales du droit privé, précité, p.79.<br />

(548) J.-L. BERGEL, Théorie générale du droit, précité, n°152, p.157 ; M.-A. FRISON-ROCHE, "L'esprit comparé<br />

du juge civil <strong>et</strong> du juge consulaire", Gaz. Pal. 25-27 juin 1995, p.7, (p.8, n°8).

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