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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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prolongent alors de raisonnements conséquentialistes où finalité <strong>et</strong><br />

opportunité se confondent parfois (ARTICLE 2).<br />

ARTICLE 1. LA NATURE JURIDIQUE.<br />

172. L’argument tenant à la nature des choses - Si la nature humaine est un<br />

paradigme perdu en sciences sociales (965) , on peut considérer que l'analyse de<br />

la nature juridique a su préserver ses forces persuasives. Mais lorsque la<br />

doctrine utilise la "nature" d’une situation ou d'un concept, elle ne se place pas<br />

nécessairement dans une perspective jusnaturaliste. En eff<strong>et</strong>, alors qu’un<br />

raisonnement en prise sur le droit naturel aurait plutôt tendance à découvrir<br />

des solutions en équité <strong>et</strong> en tout état de cause de manière casuistique, pour<br />

faire primer de manière avouée la recherche de la justice, l’utilisation de la<br />

nature des choses par des auteurs qui se méfient de l’équité, donne à c<strong>et</strong>te<br />

rhétorique une résonance particulière.<br />

L’utilisation par les auteurs de la nature juridique du fonds de commerce,<br />

du paiement, de la responsabilité ou des quasi-contrats révèle l’existence d’une<br />

contrainte argumentative par laquelle le message doctrinal se doit de passer.<br />

Naturellement, c<strong>et</strong>te contrainte peut venir de la loi elle-même qui fera<br />

référence par exemple à la nature des biens propres ou communs pour<br />

déterminer le champ d’application de la présomption de communauté (966) , ou<br />

encore qui visera la nature d’une obligation pour définir les conséquences qui<br />

y sont attachées (967) . Plus que n’importe quel autre concept, la nature des<br />

choses fonctionne à contenu variable. Comme le montrait Perelman,<br />

l’argument naturaliste perm<strong>et</strong> de s’opposer aux arguments tirés de la loi (968) .<br />

L’idée qu'il véhicule est que les concepts juridiques sont dotés d’une teneur,<br />

d'un régime, d’attributs, de propriétés, ou enfin de valeurs qui<br />

transcenderaient l’énoncé normatif positif. On le conçoit aisément dans la<br />

philosophie jusnaturaliste, dans la mesure où la raison universelle qui<br />

(965) E. MORIN, Le paradigme perdu, la nature humaine, Paris, Seuil, 1973.<br />

(966) Pour une analyse des articles 1402 <strong>et</strong> suivants du Code civil, voir Ph. MALAURIE <strong>et</strong> L. AYNES, "La<br />

distinction des biens propres <strong>et</strong> des biens communs dans la communauté légale ; principes directeurs",<br />

Defrénois 1989, p.334.<br />

(967) L'article 1135 du Code civil fait expressément référence à la nature de l'obligation pour en déterminer le<br />

champ d'application. Ainsi, l'on adm<strong>et</strong>tra qu'une convention d'assistance emporte nécessairement pour l'assisté<br />

l'obligation de réparer les conséquences des dommages corporels subis par celui auquel il est fait appel : cass.<br />

civ. 1ère, 27 janvier 1993, RTD civ. 1993, p.584, obs. JOURDAIN.<br />

(968) Ch. PERELMAN, Logique juridique, précité, n°33, p.59 ; adde, O. CORTEN, "La référence à la nature des<br />

choses dans l'herméneutique de l' "École de Bruxelles" : critique sociologique", RIEJ 1998-40, p.79.

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