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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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nulles, le choix de la fiction de la clause réputée non écrite est un gage de<br />

sécurité (644) .<br />

Priorité du juste sur le sûr, primauté de la sécurité sur la justice. Les<br />

contradictions du contenu <strong>et</strong> du but de la sécurité juridique émergent de tous<br />

les raisonnements menés sur les questions difficiles. Est-ce parce que l'on se<br />

représente la sécurité comme fin subalterne du droit (645) , ou parce que "c'est<br />

dans la sécurité que certains juristes individualistes voient l'essence du droit,<br />

[parce qu'] elle forme l'un des éléments essentiels du droit pour certains<br />

autres (646) " ? Sous le film apparent de son ambiguïté, la fiction est un<br />

raisonnement qui sert toujours une cause pratique <strong>et</strong>, bien que pure<br />

abstraction, elle perm<strong>et</strong> l'efficience d'arguments <strong>et</strong> de considérations<br />

d'opportunité. "L'obligation faite au juge français de statuer en droit <strong>et</strong> non en<br />

équité l'amène à rattacher nécessairement sa décision à une règle légale. C<strong>et</strong>te<br />

exigence peut conduire le magistrat à déformer artificiellement l'application<br />

logique de la règle s'il estime opportun de l'adapter aux nécessités du cas<br />

d'espèce à lui soumis (647) ".<br />

L'efficacité de la solution dépend alors de la qualité des fictions utilisées par<br />

le juge pour emporter la conviction, mais leur si grande efficacité atteint<br />

parfois un point paradoxal lorsque l'on refuse de les rendre opératoires en<br />

considération de l'insécurité qu'elles créeraient. On pense évidemment à la<br />

personnalité morale dont la puissance évocatrice en fait parfois une réalité.<br />

Les raisons qui justifient le fait que le législateur donne la personnalité<br />

juridique à certains groupements de personnes ou de biens <strong>et</strong> la refuse à<br />

certains autres, se résument à l'opportunité de créer un écran entre des<br />

personnes physiques <strong>et</strong> un patrimoine collectif, <strong>et</strong> à celle de donner à un<br />

groupe le droit d'agir en justice.<br />

L'efficacité économique <strong>et</strong> juridique de la personne morale est,<br />

reconnaissons-le, incomparable (648) , <strong>et</strong> cela en a fait un facteur décisif du<br />

développement des sociétés occidentales. Mais que dire du recours à la<br />

personnalité juridique du syndicat des copropriétaires par la loi du 10 juill<strong>et</strong><br />

1965, sinon qu'il ne s'est pas avéré un moyen satisfaisant pour enrayer<br />

l'augmentation du nombre des copropriétés en difficultés ! Inversement le<br />

refus de reconnaître la personnalité des sociétés créées de fait dans certaines<br />

(644) J. KULLMANN, "Remarques sur les clauses réputées non écrites", D. 1993, chr., p.59 (p.63).<br />

(645) P. CUCHE, Conférences de philosophie du droit, précité, 1928, p.20.<br />

(646) D. N. MICESCOU, Essai sur la technique juridique, <strong>Thèse</strong> Paris, 1911, p.24.<br />

(647) J. SCHMIDT-SZALEWSKI, "Les fictions en droit privé", APD 1975, p.273.<br />

(648) A. SERIAUX, Les personnes, Paris, PUF, 2ème éd., 1997, p.102 s.

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