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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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le place en situation de ne pas tenir pour acquis ce qui est décrit comme<br />

certain <strong>et</strong>, en quelque sorte, il condamne l’autorité habilitée à réaffirmer ou<br />

préciser une solution qui pouvait être jusqu’alors considérée comme évidente.<br />

Il suffit pour cela que l'auteur joigne à la question posée un attribut de<br />

complexité pour rem<strong>et</strong>tre en cause la qualité de la solution rendue par les<br />

juges. "Il se pourrait que le raisonnement fût moins simple. Si le trottoir<br />

continu édifié en bordure du fonds dominant avait vraiment rendu le passage<br />

impossible, si c<strong>et</strong>te condition d'application du mode d'extinction consacrée<br />

par l'article 703 avait été caractérisée, il n'aurait pas été nécessaire de viser ni<br />

le changement de destination du fonds dominant, ni l'omission du passage<br />

dans le plan annexé à la demande d'autorisation de lotir, ni la volonté du<br />

fondateur du lotissement de ne pas maintenir la servitude, ni même l'existence<br />

d'une autre issue directe à la voie publique. Il n'est peut-être pas excessif de<br />

rattacher l'arrêt du 3 avril 1996 à la tendance de plus en plus accusée des juges<br />

à privilégier le fait <strong>et</strong> son appréciation. Est-il bien raisonnable de parler d'une<br />

jurisprudence ? (1094) ".<br />

On note ainsi que la tension entre le pouvoir des deux interprètes que sont<br />

la doctrine <strong>et</strong> la Cour de cassation opère de manière antagoniste : la Cour de<br />

cassation a le pouvoir d’imposer aux autres juridictions des solutions en faisant<br />

des questions de principe des cas résolus, <strong>et</strong> la doctrine a le pouvoir d’imposer<br />

des questions qui, en renouvelant le débat, peuvent faire de questions dont la<br />

solution semblait évidente, des cas difficiles, questions de principe relevant<br />

d'une appréciation plus haute. Ainsi la lecture de l'oeuvre doctrinale conduit à<br />

s'interroger souvent sur une narration doctrinale selon des questions posées <strong>et</strong><br />

renouvelées, plutôt que selon une chaîne de solutions ; d'autant plus que la<br />

détermination de la positivité des solutions se fait parfois par anticipation.<br />

202. Les prémonitions doctrinales - Si l’on s’en tient à l’idée que la doctrine n’a<br />

pas le pouvoir d’influencer directement les autorités habilitées, la réalisation<br />

des prescriptions doctrinales passe pour des prémonitions (1095) . Faut-il croire<br />

que la doctrine dispose d’une boule de cristal pour connaître l’avenir ou, plus<br />

(1094) C. ATIAS, obs. sur Cass. civ. 3ème, 3 avril 1996, Defrénois 1996, n°114, p.1069 à propos de<br />

l'interprétation de l'article 703 du Code civil <strong>et</strong> de l'extinction des servitudes.<br />

(1095) Ph. CONTE, note sous Cass. civ. 2ème, 23 mars 1994, JCP 1994, II, 22292, note 1, à propos des<br />

prémonitions du professeur GROUTEL qui avait annoncé le revirement de jurisprudence dont l’arrêt annoté<br />

constitue l’illustration ; ou encore B. ANCEL <strong>et</strong> Y. LEQUETTE, à propos d'une réflexion de Ph. FRANCESCAKIS<br />

qui "devait se révéler prémonitoire", Grands arrêts de la jurisprudence française de droit international privé,<br />

Paris, Dalloz, 3ème éd., 1998, p.210.

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