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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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aboutissement <strong>et</strong> une sélection des règles dégagées par les jurisconsultes<br />

d'ancien régime. Mais passée la déférence envers leurs maîtres <strong>et</strong> le législateur,<br />

la doctrine paraît libérée de l'emprise de l'autorité institutionnelle. Cela<br />

correspond diversement au caractère <strong>et</strong> à la plume de ces auteurs. Troplong,<br />

par exemple, ne cesse de critiquer Toullier <strong>et</strong> Duvergier (141) , dont il se dit<br />

pourtant le continuateur, <strong>et</strong> à travers lui, Dumoulin dont pour autant on<br />

s'accorde à reconnaître l'influence majeure sur le droit positif français (142) . Et<br />

dans leur activité d'interprète de la loi, ils sont aussi <strong>et</strong> naturellement<br />

interprètes de l'arrêt. Mais contrairement à la r<strong>et</strong>enue qui préserve en général<br />

le législateur des foudres doctrinales (143) , la franchise, la verve <strong>et</strong> parfois<br />

l'insolence parfois avec lesquelles les auteurs portent des critiques contre les<br />

décisions rendues, ont de quoi surprendre encore par leurs envolées lyriques.<br />

Ils n'hésitent pas à clamer que la Cour de cassation avait tort de ne pas suivre<br />

leur point de vue quand elle n'y avait pas adhéré (144) . Cela correspond aussi au<br />

fait que ces auteurs assuraient des fonctions dans l'ordre judiciaire, magistrat<br />

ou avocat, ils étaient de fait interprètes controversistes. Il est sensible que la<br />

fin du référé interprétatif n'a pas altéré la position des interprètes face au<br />

texte. Jurisprudence <strong>et</strong> doctrine assurent des fonctions différentes, mais elles<br />

ne se conçoivent pas en termes hiérarchiques. Ni dans un système positif, ni<br />

dans une théorie des sources.<br />

Il reste que l'introduction en France des théories kantiennes <strong>et</strong><br />

hégéliennes, aura des eff<strong>et</strong>s. Mais plus tardivement, la doctrine française est<br />

encore influencée par les philosophes du droit naturel <strong>et</strong> le restera pendant ce<br />

long demi-siècle. La frontière franco-allemande est pourtant loin d'être<br />

imperméable. D'Outre-Rhin nous viennent les débats sur la nécessité de<br />

rénover <strong>et</strong> de codifier un droit commun. Les auteurs français puiseront dans<br />

(141) R.-T. TROPLONG, Le droit civil expliqué suivant l'ordre du Code civil, "De l'échange <strong>et</strong> du louage", tome<br />

1, Paris, Hingray, 1840, p.173-174, à propos de l'emphytéose : "Mais Dumoulin, faute de bien connaître<br />

l'histoire de l'emphytéose, s'était imaginé que, dans l'origine, c<strong>et</strong>te sorte de concession avait été à temps <strong>et</strong> que<br />

c'est seulement dans la suite, <strong>et</strong> par l'eff<strong>et</strong> d'une sorte de dégénérescence qu'elle avait été pratiquée à<br />

perpétuité. Mais c<strong>et</strong>te opinion, quoique souvent répétée n'a pas le moindre fondement historique <strong>et</strong> légal [avec<br />

en note l'erreur répétée par Loyseau], <strong>et</strong> M. Duvergier a suivi de confiance ces auteurs".<br />

(142) AUBEPIN écrira notamment une impressionnante série d'articles à la Revue critique de législation <strong>et</strong> de<br />

jurisprudence intitulée, "De l'influence de Dumoulin sur la législation civile", Rev. crit. légis. <strong>et</strong> jur. 1853,<br />

tome 3, p.603 (I) <strong>et</strong> p.778 (II), 1854, tome 4, p.27 (III) <strong>et</strong> p.261 (IV), 1854, tome 5, p.32 (VI) <strong>et</strong> p.305 (VII),<br />

puis "De l'influence de Dumoulin sur certains points de droit civil", Rev. crit. légis. <strong>et</strong> jur. 1855, tome 7,<br />

p.145, tome 14, p.179.<br />

(143) Toutefois TROPLONG : "La doctrine fondée en raison finit toujours par l'emporter sur l'autorité de la loi qui<br />

a le malheur d'avoir tort" cité par N. KANAYAMA, "Les civilistes français <strong>et</strong> le droit naturel au XIXème siècle,<br />

à propos de la prescription", RHFD 1989, n°8, p.142.<br />

(144) Ph. JESTAZ, "Déclin de la doctrine ?", <strong>Droit</strong>s-20, p.91.<br />

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