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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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Cours de province ou à Paris. On r<strong>et</strong>iendra en somme qu'aucune hiérarchie<br />

des interprètes n'est perceptible dans les ouvrages des auteurs les plus<br />

marquants, ni aucun sentiment d'infériorité de la doctrine face à la Cour de<br />

cassation dans un sens, comme dans l'autre. Delvincourt se défend de négliger<br />

la jurisprudence mais ne la tient que pour une autorité " très respectable ".<br />

"Quant aux arrêts, je ne suis pas de l'avis de ceux qui pensent qu'il est inutile<br />

de s'en occuper <strong>et</strong> qu'un arrêt n'est bon que pour celui qui l'obtient (…) mais<br />

je ne pense pas non plus qu'il suffise, comme cela a lieu dans quelques<br />

ouvrages, de donner la date d'un arrêt pour toute réponse à une question (113) ".<br />

Proudhon est plus sévère. La Cour de cassation est jeune, elle doit encore faire<br />

la preuve de la qualité de ses solutions. Or "(…) nous voyons souvent que la<br />

Cour de cassation, par de glorieux r<strong>et</strong>ours sur elle-même, adopte des principes<br />

contraires <strong>et</strong> en vient à des décisions tout opposées aux arrêts multipliés<br />

qu'elle avait rendus". Et en tout état de cause, le juriste ne doit pas se<br />

contenter de l'examen de la jurisprudence, "la tête la plus remplie des<br />

souvenirs d'arrêts divers, doit être naturellement la plus vide d'idées sur les<br />

grands principes du droit, parce qu'elle appartient à l'homme, qui s'est fait une<br />

étude de ne penser que par les autres (114) ".<br />

24. L'autorité de la loi - En contrepoint de c<strong>et</strong>te égalité des interprètes, les<br />

auteurs révèlent une référence législative associée ou non à la raison qui m<strong>et</strong><br />

au jour une déférence de l'interprète par voie de doctrine vis-à-vis du<br />

législateur (115) . En réaction, probablement, au culte de la Raison <strong>et</strong> à ses<br />

exubérances révolutionnaires, Merlin interroge : "la Raison, affranchie de<br />

l'autorité de la Loi, serait le plus cruel tyran de la société ou, pour mieux dire,<br />

que deviendrait la raison elle-même ? (116) " Ce sont les commentaires des<br />

articles 4, 5 <strong>et</strong> 1351 du Code civil qui traduisent sans doute le mieux les<br />

conceptions doctrinales de l'ordre juridique positif telles que les auteurs en<br />

véhiculent l'image à travers leurs traités. La difficulté est ici que les positions<br />

adoptées pour l'explication du déni de justice <strong>et</strong> de l'autorité de la chose jugée<br />

ou pour l'analyse des fondements de la prohibition des arrêts de règlement,<br />

(113)<br />

M. DELVINCOURT, Cours de Code civil, Paris, Videcocq, 1834, Avertissement, p.vj.<br />

(114)<br />

J.-B. PROUDHON, Traité des droits d'usufruit, d'usage personnel <strong>et</strong> d'habitation, tome 1, Dijon, Lagier,<br />

2ème éd., 1836, préface p.XVIII.<br />

(115)<br />

Il faut néanmoins être circonspect. Dans les premières années de la Restauration, la référence à l'intention<br />

du législateur est proscrite pour être celle de l'usurpateur. J. CARBONNIER, "En l'année 1817", Mélanges<br />

Pierre Raynaud, Paris, Dalloz-Sirey, 1985, p.87.<br />

(116)<br />

P.-A. MERLIN, Répertoire universel <strong>et</strong> raisonné de jurisprudence, Paris, Garnery, 4ème éd., 1812, v°<br />

Autorités, p.535.<br />

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