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Thèse 1999 - UFR Droit et Sciences Sociales

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doctrinale du problème, dont l'autorité judiciaire use de manière plus réduite<br />

par la substitution de motifs (1112) ou l'obiter dictum, donne une force<br />

considérable à la critique parce qu'il concerne non pas la solution apportée,<br />

mais la compréhension même de la question. En eff<strong>et</strong>, ce n'est pas la réponse<br />

qui a priori est en cause, mais la façon dont le degré de difficulté du cas a été<br />

compris.<br />

Profitant de la croyance selon laquelle le problème juridique a une solution<br />

<strong>et</strong> une seule, la doctrine utilise la symétrie du couple question / réponse pour<br />

condamner la solution énoncée sans la contester directement. La<br />

disqualification de la solution résonne alors en amont de l'interprétation des<br />

règles, au moment où le problème sort des faits. Ce procédé rhétorique<br />

consiste à discuter l'énoncé de la question comme si l'on pouvait parvenir à<br />

une formulation si limpide qu'une solution évidente surgirait de la question<br />

même, pour conclure néanmoins que "la question n'est pas là.(…) La solution<br />

n'est pas convaincante - la technique juridique si fine soit-elle a ses limites<br />

(1113) ". Ce genre de raisonnement entr<strong>et</strong>ient le débat - certains diront<br />

l'insécurité - mais le fait est que, lorsque le débat se déplace vers l'opportunité<br />

politique de la solution (1114) , la question reste difficile <strong>et</strong> l'insatisfaction<br />

doctrinale demeure un frein à la reconnaissance de l'évidence de la règle.<br />

Par là, la doctrine fait écho à l'idée ancienne qui veut que l'interprétation<br />

ne doit commencer qu'avec l'obscurité ou l'insuffisance de la loi. C'est elle<br />

simplement qui détient les outils conceptuels perm<strong>et</strong>tant d'affirmer que la loi<br />

est obscure ou insuffisante. Si le juge ne doit pas prétexter l'obscurité du texte,<br />

c'est la doctrine qui par ses écrits en éclaire la l<strong>et</strong>tre <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> de savoir si<br />

l'interprétation judiciaire était ou non prétexte. Plus franchement, la doctrine<br />

perm<strong>et</strong> l'émergence des questions qui feront évoluer un débat <strong>et</strong> ses éléments.<br />

208. Une solution devenue contestable - Il suffit en eff<strong>et</strong> de suggérer que les<br />

conditions d'émergence du concept positivement utilisé ont changé pour<br />

rendre admissible le réexamen de la pertinence de la solution apportée. Il est<br />

par exemple courant de lire que le gérant de l'affaire ne peut valablement<br />

(1112) E. PRIEUR, La substitution de motifs par la Cour de cassation, Paris, Économica, 1986.<br />

(1113) Ph. DELEBECQUE, obs. sur Cass. civ. 1ère, 6 janvier 1994, D. 1994, somm., p.208.<br />

(1114) S. PIEDELIEVRE, note sous Cass. civ. 1ère, 3 juin 1997, Defrénois 1998, p.125 à propos de l'obligation<br />

faite au banquier de consentir un prêt épargne logement à son client au terme du plan d'épargne, <strong>et</strong> ce en dépit<br />

de sa situation financière : "Pourtant la solution, donnée par c<strong>et</strong> arrêt du 3 juin 1997, indiscutable<br />

juridiquement, risque parfois de placer les banquiers dans des situations difficiles, voire des impasses"<br />

[souligné par nous].

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