Bieler Jahrbuch 2007 - mémreg - regionales Gedächtnis
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Blessée mais accompagnée<br />
RENÉ FELL: «BLESSÉE À L’HEURE DE MIDI»<br />
Michael Bassin<br />
Terminé en octobre 1966, l’ouvrage «Blessé à l’heure<br />
de midi» ne paraît qu’en <strong>2007</strong>. Il conte la relation<br />
entre René Fell et sa première femme atteinte de<br />
schizophrénie, et dont il n’a jamais cessé de prendre<br />
soin bien qu’il fût divorcé.<br />
«C’est l’histoire de centaines de milliers d’hommes<br />
et de femmes que j’ai contée. Car toutes les vies de<br />
malades atteints de schizophrénie se ressemblent.<br />
Elles ne diffèrent que par ce qui résulte du sort individuel<br />
et de la personnalité de chacun.» René Fell<br />
coucha cette phrase sur le papier il y a plus de 40 ans,<br />
lorsqu’il acheva d’écrire le long calvaire de sa première<br />
femme, Charlotte W. Mais c’est à sa deuxième<br />
épouse, Jeanne Doriot, qu’il confia le soin de choisir<br />
le moment de sa parution. Décédée en septembre<br />
2005, elle souhaita que l’ouvrage soit édité après son<br />
départ.<br />
René Fell et Charlotte W. se sont rencontrés en 1927<br />
à Berlin. Une année plus tard, alors que le journaliste<br />
retrouvait son poste à Bienne et que l’étudiante<br />
poursuivait ses études à Berne, ils décidèrent d’unir<br />
leur destinée. Selon l’auteur, leur vie de couple se<br />
déroula harmonieusement durant quatre ans. Mais<br />
les obstacles – notamment la langue – commencèrent<br />
à prendre de la place. «Un jour, après de longues<br />
semaines de réflexion, il m’apparut avec certitude<br />
que nous avions fait fausse route», écrit René Fell.<br />
Le divorce fut prononcé en 1933.<br />
Les anciens amants continuèrent de correspondre.<br />
Au fil des mois, les propos tenus par Charlotte<br />
W. dans ses lettres intriguèrent René Fell. Celui-ci<br />
s’intéressa continuellement à son ex-compagne et,<br />
un jour, le diagnostic du spécialiste ne fit aucun<br />
doute: Charlotte W. souffrait d’une crise aiguë de<br />
schizophrénie. «Un psychiatre lisant les pages que<br />
je viens d’écrire me jugera bien naïf de n’avoir pas<br />
vu venir, depuis des années, le naufrage qui s’était<br />
préparé sous mes yeux. Moi-même, aujourd’hui, je<br />
suis étonné d’avoir été si aveuglé», laisse René Fell<br />
dans son ouvrage.<br />
Le livre recense une foule de bizarreries auxquelles<br />
René Fell fut confronté en s’occupant inlassablement<br />
de Charlotte W. Mais l’homme s’évertua à endurer<br />
ce martyre, comme il le nomme, durant vingt ans.<br />
Car au fond de lui, il espérait toujours une guérison.<br />
Ce qui arriva en 1955, après 21 ans d’internement en<br />
maison de santé, grâce aux progrès de la psychiatrie.<br />
«Et un miracle va se dérouler sous mes yeux.<br />
Un miracle! Lentement, lentement, Charlotte renaît<br />
à notre monde», décrit René Fell. Quelque temps<br />
plus tard, c’est un cancer des reins qui la gagnera.<br />
Elle refusa avec véhémence l’opération et s’endormit<br />
pour toujours le 1er août 1964.<br />
«Blessée à l’heure de midi» apparaît comme le<br />
combat d’un homme contre la déchéance que certains<br />
peuvent subir en asile public et armé d’une<br />
patience admirable.<br />
Source<br />
«Journal du Jura» du 6. März <strong>2007</strong>.<br />
René Fell: Blessée à l’heure de midi. Mars <strong>2007</strong>. L’ouvrage<br />
est disponible dans les librairies du Jura ou chez Dominique<br />
Amgwerd, avocat notaire à Delémont.<br />
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